Le Front national a beau caracoler en tête des intentions de vote pour les prochaines élections départementales, le député UMP Benoist Apparu n’est pas convaincu que les Français adhèrent pleinement à ses idées. Invité de Sud Radio, mardi 3 mars, le maire de Châlons-en-Champagne explique ainsi que si le parti de Marine Le Pen est si haut dans les sondages, c’est avant tout en raison de la crise économique, à laquelle, selon lui, le vote frontiste est "indicé". Et non pas à l’adhésion des Français à ce qu’il désigne comme les "thèses raciales" du Front national. L’élu déclare ainsi :
"Est-ce que les français adhèrent aux idées du Front national ? Je ne le crois pas pour ce qui est des thèses raciales du Front national, parce que je ne crois pas que 30 ou 35% des Français soient profondément racistes. Je pense simplement que ça exprime, là encore, un ras le bol face à la crise qui est gigantesque.
"
C’est alors que, poursuivant son raisonnement, le député de la Marne sort de son chapeau une étrange statistique :
"Et dans ces 35%, vous avez probablement une masse de 10 points, 10% qui sont des racistes. Et puis vous avez ensuite une autre catégorie d’électeurs qui vont voter Front national, qui sont des déçus de la politique, qui expriment un ras le bol face à un certain nombre de dérives de la société française et qui effectivement veulent exprimer par là ce ras le bol.
"
10% des Français racistes ? Mais d’où Benoist Apparu sort-il ce chiffre ? Peut-être de ce sondage de l’institut BVA pour la commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) qui pointait, en avril 2014, une progression du racisme en France avec 9% des interrogés qui se disaient "plutôt racistes" (+2 points par rapport à 2012) et 26% "un peu racistes" (+4 points). Ou de cette recherche menée par des chercheurs suédois, selon laquelle la France serait un des pays les moins tolérants du continent européen avec 22,7% des sondés affirmant qu'ils n'aimeraient pas avoir un voisin d'une autre race.
L’affirmation ne devrait en tout cas pas plaire à Marine Le Pen, qui a, à plusieurs reprises, contesté tout caractère "raciste" de son parti. En décembre 2013, la présidente du Front national avait ainsi déclaré sur Europe 1 que le FN n’était "pas un parti raciste" puisqu’il s’agissait d’un mouvement "fondé sur la nation" et qu’il n’y avait "pas un mot dans [son] programme sur la race."