Imposer aux principaux patrons de presse une déclaration d'intérêt et de patrimoine : lundi 3 mars, à l'occasion d'une "déclaration solennelle", Jean-François Copé a fait de cette proposition une exigence, en réponse à la "chasse à l'homme" dont il se dit victime de la part de l'hebdomadaire Le Point.
Voilà la manière dont Jean-François Copé a formulé sa suggestion :
"Je proposerai que les principaux dirigeants et salariés de ces groupes de presse qui utilisent des fonds publics soient désormais soumis aux mêmes règles et obligations de déclaration d'intérêt et de patrimoine que celles des parlementaires. Cette proposition de loi prévoira naturellement la création d'une autorité indépendante chargée de recueillir, de contrôler, de sanctionner si nécessaire et de mettre à la disposition du public ces déclarations dans exactement les mêmes conditions que celles imposées aux parlementaires.
"
Point amusant : à l'UMP, Jean-François Copé n'est pas le premier à formuler cette piste.
Le député Jacques Myard, l'un des piliers des très droitiers députés membres de la Droite populaire, avait formulé une déclaration absolument similaire, dans le cadre de l'examen de la proposition de loi sur la transparence de la vie politique du gouvernement Ayrault.
Ca s'était passé à l'Assemblée, en juin 2013 - et le Lab y avait même consacré un article.
Voilà ce que réclamait le député Jacques Myard dans son amendement - lisez-bien, cela devrait vous rappeler quelque chose :
"Cet amendement a pour objet, dans la logique de la transparence affichée par ce projet de loi, d’étendre le dispositif de moralisation de la vie publique à toute entreprise de presse et de media bénéficiaire de fonds ou subventions publiques de l’État. Il apparaît légitime de s’assurer de l’utilisation correcte des ressources publiques allouées à des organismes qui exercent une influence certaine sur l’opinion et la vie de nos concitoyens.
"
Voici l'amendent en question :
Lors de son examen, l'amendement a été balayé par le gouvernement, et n'a été soutenu par aucun autre député UMP. Hervé Morin, député UDI, avait, en revanche, validé le principe d'un tel amendement.
Contacté ce 3 mars par le Lab, Jacques Myard est ra-vi de voir sa proposition ressortir, tout en expliquant n'avoir eu aucun contact récent avec l'équipe de Jean-François Copé à ce sujet.
Et lance, goguenard :
"Je me félicite d'avoir une capacité à influencer tous les princes qui souhaitent nous gouverner.
"
L'entourage de Jean-François, de son côté, explique qu'il s'agit "d'un hasard".
(Photo dans l'article : Jacques Myard à l'Assemblée, en 2014, photo MaxPPP)