Quand Hollande, Moscovici et Pellerin séchaient la Cour des comptes

Publié à 18h58, le 11 février 2015 , Modifié à 23h07, le 15 février 2015

Quand Hollande, Moscovici et Pellerin séchaient la Cour des comptes
François Hollande, Pierre Moscovici et Fleur Pellerin © Montage AFP

BOITE À ARCHIVES – La Cour des comptes dévoile ce mercredi 11 février son traditionnel rapport public annuel, diagnostic redouté de la gestion de la dépense publique en France. L’occasion de se pencher sur les jeunes années passées à la Cour des comptes par François Hollande et d’autres figures de la majorité issues de l’institution fondée par Napoléon Ier.

Dans son nouveau livre consacré aux coulisses de la juridiction financière, paru ces derniers jours, le journaliste Bruno Botella s’intéresse justement à la question. Et si on enquêtait sur la Cour des comptes ? (Editions du Moment) consacre de longues pages au début de carrière de François Hollande au sein de ce grand corps de l’Etat, mais aussi à celui de Pierre Moscovici ou de Fleur Pellerin.

Verdict ? Pas forcément flatteur pour le chef de l’Etat et ses ministres (ou ex). "François Hollande n’a pas laissé un grand souvenir rue Cambon", pointe l’auteur, qui souligne la faible assiduité du jeune énarque après son affectation à la Cour au début des années 1980. Démangé par le virus de la politique, le jeune Hollande délaisse progressivement ses dossiers pour s'investir au PS… sans pour autant se mettre en disponibilité de ses fonctions. Des manières plutôt mal perçues en interne.

Il faudra l’intervention de Pierre Joxe, ministre sous François Mitterrand puis premier président de la Cour des comptes, pour que François Hollande se conforme aux usages. Bruno Botella relate cet échange éloquent entre le premier et le second, lequel dispose en 1995 de la double-casquette de magistrat financier et de porte-parole du Parti socialiste :

Pierre Joxe : Tu ne peux pas rester porte-parole du PS !



François Hollande : Mais toi, tu l’as bien été !



Pierre Joxe : Oui mais mois moi, j’étais député, pas en fonction à la Cour ! Tu ne peux pas garder les deux, ce n’est plus possible.

En 1997, devenu Premier secrétaire du PS, François Hollande se met en détachement de la Cour des comptes (et non pas en disponibilité). Une nuance de taille, puisque le statut de fonctionnaire en détachement permet de continuer à engranger des droits à la retraite et à l’avancement, contrairement à la disponibilité.

Du côté de Pierre Moscovici ou Fleur Pellerin, le bilan n’est pas plus reluisant. Défait aux législatives en 2002, l’actuel Commissaire européen aux affaires économiques considère manifestement plus le Palais Cambon comme une base de repli par gros temps électoral que comme un lieu de travail. Témoin, ce commentaire incisif d’un collègue magistrat, rapporté par Bruno Botella :

Le premier président François Logerot le fouettait pour qu’il bosse.

Quand à la ministre de la Culture Fleur Pellerin, explique l’auteur, "son militantisme peu discret (au côté du candidat à la primaire François Hollande, NDLR) agace en interne". À tel point que la hiérarchie se croit forcée de rappeler cette règle majeure de la maison : si la politique finit par monopoliser tout l'agenda, on se met en congé de la Cour.

[BONUS TRACK] – Un "privilégié" parmi les Sages

Rétrospectivement, la scène est cruelle pour François Hollande. Dans son enquête, Bruno Botella invoque évidemment cette vidéo de François Hollande décrivant les nombreux avantages de son statut de haut fonctionnaire à la Cour des comptes. Réalisée en 1989 dans le cadre d’une émission sur le bicentenaire de l’abolition des privilèges, cette séquence avait été perfidement exhumée par certains anti-Hollande après la présidentielle de 2012.

Le Lab ne résiste pas à vous la proposer à nouveau :



Du rab sur le Lab

PlusPlus