Quelle place faut-il accorder à Eric Zemmour dans les médias ?

Publié à 07h19, le 22 décembre 2014 , Modifié à 07h20, le 22 décembre 2014

Quelle place faut-il accorder à Eric Zemmour dans les médias ?
Eric Zemmour. © AFP.
Image Olivier Duhamel

Olivier Duhamel

Si un média se sépare d’Éric Zemmour, des voix s’élèvent dans la droite extrême et l’extrême droite, qui hurlent à la censure.

Si un média garde Éric Zemmour comme éditorialiste ou débatteur, les associations antiracistes et d’autres hurlent au scandale.

À chacun de se demander ce qu’il ferait s’il dirigeait un media concerné.

Suggérons quelques pistes de réflexion pour prendre position :

> 1. La liberté d’expression est un principe fondamental dans une démocratie.

> 2. La loi fixe des limites à cette liberté : atteinte à la vie privée, injure publique, appel à la haine raciale, discriminations…

> 3. Zemmour franchit cette limite. Il l’a fait dans le passé et a été condamné. La Justice dira s’il vient de le faire à nouveau dans le Corriere de la Serra en affirmant que "les musulmans" (pas des musulmans) obligent "les Français" à s’en aller des quartiers où ils vivent. Il explique ensuite que si cela paraît irréaliste de les chasser par millions, par avion ou par bateau, "l’Histoire est surprenante" et qu’un million de pieds noirs sont bien partis d’Algérie, 5 ou 6 millions d’Allemands d’Europe de l’Est. Imaginons un seul instant que les mêmes propos aient été tenus en remplaçant "les musulmans" par "les juifs" ? Se trouverait-il un seul politique, un seul intellectuel, une seule personne pour défendre Zemmour ?

> 4. À chaque média de décider s’il veut favoriser l’expression d’un tel rejet systématique des musulmans. Il serait logique que Minute embauchât Zemmour comme éditorialiste, et Valeurs actuelles comme chroniqueur. Que Le Figaro magazine lui consacre sa une lorsqu’il sort un livre à succès. Qu’en revanche les autres médias, moins marqués à droite toute, se contentent de l’interviewer à l’occasion sans lui accorder une parole constante.

> 5. Conclusion. Ne confondons pas tout. Interdire absolument et a priori toute présence de Zemmour dans l’espace public serait une censure inacceptable. Mais l’employer comme éditorialiste, chroniqueur, débatteur récurent, revient à favoriser un parti pris idéologique extrémiste. Chaque media a le droit de le faire. Nul n’y est obligé.

Du rab sur le Lab

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