Moins d'un an après l'épisode de pollution atmosphérique qui avait frappé la capitale, en mars 2014, Paris est de nouveau confrontée aux particules fines. Mais la municipalité dirigée par Anne Hidalgo a pris les devants : ce mardi 6 janvier, le stationnement résidentiel est gratuit dans Paris. L'objectif est clair : inciter par le portefeuille les Parisiens à laisser leur voiture au parking et à prendre les transports en commun.
Cette mesure est prévue depuis mai 2014 et un "vœu de l’Exécutif relatif à la lutte contre la pollution atmosphérique liée au trafic routier". Voici ce qu'on peut lire :
"La Ville de Paris prévoit en cas de pic de pollution, en accompagnement de l’arrêté inter-préfectoral du 27 octobre 2011, la mise en place graduée et systématique de mesures d’urgence visant à encourager le report modal vers les transports collectifs, Autolib’, Vélib’, et le covoiturage :
- 1er jour de dépassement du seuil d’information : stationnement résidentiel gratuit.
"
Le 1er janvier 2015, les Parisiens se sont par ailleurs réveillés et ont célébré la nouvelle année en notant la hausse des tarifs de stationnement dans la capitale. Les titulaires de la carte résident ont ainsi vu le tarif quotidien passer de 0,65 euro à 1,5 euro, soit une augmentation de 130% et des brouettes.
Cette augmentation n'était pourtant pas une surprise mais votée en Conseil de Paris mi-décembre. "Le régime de stationnement résidentiel permet le stationnement de longue durée au profit des Parisiens sur les voies à caractère résidentiel, participant ainsi à l’objectif de limitation des déplacements en voiture particulière", expliquait notamment la mairie de Paris dans sa délibération.
Limiter les déplacements en voiture particulière = lutter contre la pollution. C'est d'ailleurs ce qu'avait assuré la maire Anne Hidalgo en octobre sur France 2. Voici ce qu'elle avait dit après avoir défendu une hausse des tarifs de stationnement – résidentiel et autres - dans la capitale :
"Pour moi la question du stationnement fait partie de ma politique de déplacement et notamment aussi de lutte contre la pollution.
"
D'un côté, la mairie de Paris veut donc limiter la circulation des automobiles dans la capitale en rendant gratuit, lors d'un pic de pollution, le stationnement résidentiel. De l'autre, la municipalité entend limiter la circulation des automobiles dans Paris en augmentant le stationnement résidentiel.
Une légère contradiction que Nathalie Kosciusko-Morizet, présidente du groupe UMP à la mairie de Paris, ne manque pas de dénoncer. Interrogée par le Lab, elle dit :
"Ils [la majorité] utilisent le prétexte de la lutte contre la pollution à toutes les sauces pour justifier les augmentations de tarifs ahurissantes qu'ils ont votées. La réalité, c'est qu'ils n'ont aucune vision globale de la lutte contre la pollution et qu'ils ne cherchent qu'à faire les poches des Parisiens pour remplir les caisses qu'ils vident depuis 14 ans. Une autre politique serait pourtant possible.
"
"Strictement n'importe quoi", estime auprès du Lab l'adjoint aux Transports à la mairie de Paris, Christophe Najdosvki. Pour lui, la cohérence de ces deux types de mesures apparemment opposées réside dans leur temporalité :
"La gratuité du stationnement pendant les pics de pollution est une mesure ponctuelle et non permanente : cela concerne quelques dizaines de jours par an, pour inciter les habitants à prendre les transports en commun. Dans le même temps, le fait de payer le stationnement résidentiel à l'année est un bon équilibre entre une gratuité permanente impossible car ayant des effets pervers (ce serait une incitation à acheter ou prendre sa voiture) et un tarif trop élevé.
"
Christophe Najdovski fait également valoir que la récente augmentation du tarif du stationnement à 1,5€ par jour place Paris "dans la moyenne des autres villes de France comme Pantin ou Clichy (1,5€), Grenoble (2€), Strasbourg (2,5€) ou Levallois (3€)".