Manuel Valls n'a pas vraiment apprécié la violente tribune "anti-loi Macron" de Cécile Duflot. Dimanche 4 janvier, l'ancienne ministre du Logement, partie du gouvernement en même temps que le Premier ministre succédait à Jean-Marc Ayrault à Matignon, estimait que "mettre en échec" le texte du ministre de l'Économie était "un devoir".
Un début de casus belli, à en croire les propos de Manuel Valls rapportés par Le Canard Enchaîné mercredi 7 janvier :
Duflot est en train d'organiser la rupture définitive avec le PS.
"Définitive", car les relations sont déjà plus que tendues entre la députée EELV et l'exécutif, même si la première reste en contact très régulier avec François Hollande, notamment par textos. Pour le Premier ministre, Cécile Duflot tente par cette prise de position très médiatisée de s'attirer le soutien d'une partie de la gauche également opposée à la loi Macron... mais doute de l'efficacité de cette stratégie :
Duflot tente de constituer un axe avec les frondeurs contre la loi Macron. Il n'est pas certain que ceux-ci la suivent.
Mais pour le Premier ministre, elle pourrait aussi s'aliéner ainsi une partie de son propre parti :
En outre, en poursuivant cette stratégie personnelle pour tenter d'imposer sa candidature à la présidentielle [voir ici, ndlr], elle risque de provoquer une scission chez les Verts.
Les analyses de Jean-Vincent Placé et François De Rugy, également rapportées par Le Canard Enchaîné, alimentent ce point de vue. Le chef de file des sénateurs écolos, qui oeuvre ouvertement au retour des Verts au gouvernement, a désapprouvé devant "quelques amis" la "stratégie de conflit idéologique" de l'ancienne patronne d'EELV, selon l'hebdomadaire :
Cécile est dans une stratégie de conflit idéologique, mais après, il y a un moment où il faudra résoudre les conflits entre nous, Hollande et le PS. J'y travaille. Il doit y avoir moyen de trouver des éléments de compromis.
Pour Jean-Vincent Placé, qui n'oublie pas non plus ses propres ambitions, la loi Macron n'est certes pas parfaite mais contient tout de même "beaucoup de choses positives". Et d'ajouter : "Elle ne mérite ni cette indignité ni cette infamie."
Et il n'est pas seul sur cette ligne très sensiblement différente de celle de l'ex-ministre. Le co-président du groupe EELV à l'Assemblée, François De Rugy, critique aussi l'approche de Cécile Duflot :
Comme d'habitude, Duflot adopte un positionnement plus à gauche qu'écologique. Elle essaie ainsi de creuser un fossé avec le gouvernement. Car elle considère que l'offensive de Hollande sur le terrain de l'environnement [Le Lab vous en parlait ici, ndlr] renforce ceux, parmi les Verts, qui n'acceptent pas la rupture avec le PS.
Au point d'en créer une "définitive" dans son propre camp ? Pas sûr. La question du soutien au gouvernement agite le parti, même si certains élus comme Sergio Coronado minimisent l'importance de ceux qui n'ont pas encore coupé les ponts avec l'exécutif :
Il n’y a que Jean-Vincent Placé, les deux coprésidents du groupe à l’Assemblée et quelques autres écologistes pour croire et soutenir Hollande.