Cécile Duflot serait-elle le principal obstacle du retour des Verts au gouvernement ? Alors que Jean-Vincent Placé travaille en coulisses au retour des Verts et notamment de la députée de Paris dans l'équipe de Manuel Valls, l'ancienne ministre du Logement part en guerre contre la politique gouvernementale, en particulier la loi Macron.
Cité par le JDD ce 4 janvier, le patron des sénateurs EELV expose son "objectif" :
Mon objectif pour 2015 est de ramener Cécile vers François Hollande. Je souhaite qu'elle revienne au gouvernement et à l'écologie.
Pour cela, et alors que le président de la République veut faire de l'année qui s'ouvre une charnière de son quinquennat en œuvrant notamment pour l'écologie au travers de la grande conférence Climat de décembre, Jean-Vincent Placé fait du lobbying et s'est très sensiblement rapproché de l'exécutif. Au cours d'un voyage à Séoul avec le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, fin novembre 2014, il a ainsi obtenu la suppression "discrète" de "quelques lignes" de la loi Macron, "un passage sur le nucléaire", ajoute le JDD, qui fait la liste des exigences du sénateur de l'Essonne rendant éventuellement possible un retour des Verts au gouvernement "après les régionales de décembre [2015]" :
Des avancées sur le climat, sur la biodiversité, de l'argent pour la transition énergétique, l'enterrement de Notre-Dame-des-Landes et la proportionnelle intégrale.
Ces deux derniers pré-requis devraient être compliqués à obtenir. Pour le premier, Manuel Valls a récemment indiqué sa détermination à faire aboutir le projet d'aéroport contesté. En ce qui concerne le second, l'accord électoral EELV-PS de 2012 évoquait "une dose de proportionnelle" aux élections législatives, engagement de campagne du candidat Hollande en voie d'abandon.
Alors la proportionnelle intégrale... Jean-Vincent Placé ne désespère pas :
Plus le temps passe, plus les prix montent. Personne ne pourra dire que je négocie à petit prix.
En ce qui concerne Cécile Duflot, la tâche semble encore plus ardue. Sa réconciliation avec l'exécutif est vue comme un moyen de "s'assurer le soutien d'un parti et de la base des écolos, qui est aujourd'hui très hostile" à François Hollande, précise encore le JDD. Mais l'ex-ministre, très critique vis-à-vis du gouvernement, et plus proche de Jean-Luc Mélenchon, se fend dans le même temps d'une virulente tribune, toujours dans le JDD, dans laquelle elle explique que "mettre en échec [la loi Macron] est un devoir pour tous ceux qui ont encore de l'espoir et veulent inventer le siècle qui vient."
Pour Cécile Duflot, ce texte "paré des atours de la modernité" - François Hollande a défendu, durant ses vœux, une loi qui allait donner "un coup de jeune" au pays - constitue en réalité "un grand bond en arrière, une occasion manquée de changer de modèle". L'écolo fustige "un catalogue fourre-tout de vieilles idées des années 1980 enfouies dans les cartons de Bercy" qui "peut également marquer un net recul écologique du quinquennat".
Elle juge ainsi que la partie qui vise à "simplifier" le droit de l'environnement constitue dans les faits "un passage en force". "La méthode proposée est dangereuse. Elle permet d'alléger par ordonnances toutes les mesures du code de l'environnement qui viendraient soi-disant gêner l'activité et la croissance" alors que, selon elle, le droit de l'environnement est "un droit de protection face à la logique de marché".
Le projet de loi "porte aussi atteinte à la transition énergétique" avec des dispositions qui encouragent l'exportation de centrales nucléaires ou organisent la concurrence entre le rail et la route en libéralisant le transport par autocars, estime Cécile Duflot. Et de considérer l'extension de l'ouverture des commerces le dimanche comme une "véritable régression", "une menace pour la cohésion sociale". Elle assène :
La modernité réelle serait d'inventer un nouveau modèle social écologique, capable de répondre aux deux grands défis de notre époque : le dérèglement climatique et la montée des inégalités. La lucidité oblige à constater que ce texte emprunte le chemin inverse.
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François De Rugy, lui, semble plus enclin à la discussion avec le gouvernement, même si les sujets de tension existent. "Nous ne sommes pas un groupe d'opposition, mais tout ne dépend pas de nous, cela tient aussi aux initiatives du couple exécutif", explique au JDD le chef de file des députés écolos, en référence à la "douche froide" reçue par les Verts en apprenant les réserves plus que prononcées du chef de l'État vis-à-vis de la proportionnelle.
Notre-Dame-des-Landes, Sivens, ligne économique... Les pommes de discordes ne manquent pas mais le dialogue se poursuit entre EELV et l'exécutif. Avec Emmanuel Macron d'abord, qui viendra défendre sa loi devant le groupe EELV - qui hésite entre abstention et vote contre - à l'Assemblée le 13 janvier. Avec Manuel Valls ensuite : "On travaille à une rencontre. Avec l'arrivée de la conférence climat, il y a de quoi discuter", indique François De Rugy.
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