DONNANT-DONNANT ? – Manuel Valls avait déjà préparé le terrain et les arguments , lors de son passage au JT de 20h de France 2 le 7 décembre. L’enterrement de la proportionnelle est proche. Selon Le Canard Enchaîné en kiosques ce mardi 30 décembre, François Hollande a renoncé à sa proposition de campagne numéro 48, celle d’introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives. Une promesse attendue par de nombreuses forces politiques, du Front de gauche au FN en passant par EELV et le Modem, mais combattue avec véhémence par l’UMP.
Selon l’hebdomadaire satirique, le chef de l’Etat craint qu’introduire de la proportionnelle, et plus encore la proportionnelle intégrale, ne fasse entrer "150 députés FN à l’Assemblée". "Une lourde responsabilité" qu’il ne veut pas porter. Et ce, sans parler de la difficulté d’engager un redécoupage des circonscriptions. Des arguments déjà avancés par Manuel Valls en personne alors qu’un de ses proches milite pour la suppression du poste de Premier ministre et l’introduction de la proportionnelle... intégrale .
Mais derrière tout cela se cache également un objectif stratégique : empêcher que les écolos ne présentent un candidat au premier tour de la présidentielle en 2017, réduisant ainsi les chances de voir un candidat de la gauche au second tour. Converti ou convaincu , c’est aussi dans cette optique que François Hollande a de plus en plus verdi son discours en cette fin d’année 2014.
Auprès de dirigeants du PS, Manuel Valls a expliqué cette tactique, selon des propos rapportés par Le Canard Enchaîné. Ainsi a-t-il lancé :
"Un scrutin proportionnel aux législatives inciterait les écolos assurés de survivre électoralement, à se compter au premier tour de la présidentielle. Les verts ont intérêt à appartenir à la maison commune dès le premier tour de la présidentielle, en échange d’un accord aux législatives qui leur assurerait un certain nombre de circonscriptions.
"
Au Lab, plusieurs parlementaires socialistes ont confié qu’ils pensaient que, si l’introduction de la proportionnelle est ainsi retardée, c’est pour conserver un élément de poids à intégrer dans la balance d’un accord électoral pour 2017. En mode, "cette fois-ci, on le fait vraiment".
A moins que les Verts ne soient prêts à sacrifier quelques sièges à l’Assemblée pour partir en solo à l’assaut de l’Elysée. Une possibilité qui fait dire à un Manuel Valls ironique :
"Dans ce cas de figure, Noël Mamère serait le seul écolo à avoir sa chance de réchapper au massacre.
"
Pas même Cécile Duflot, qui a hérité, suite à l'accord PS/EELV en 2012, d’une circonscription en or à Paris ?