C’était l’une des promesses de campagne de François Hollande : introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives. Une promesse attendue tant par la gauche, partenaire de la majorité socialiste ou pas (EELV, Front de gauche), que par l’opposition du centre (Modem) ou d’extrême droite (FN). Mais rejetée avec véhémence par l'UMP.
Pourtant, cette réforme a du plomb dans l’aile après la sortie de Manuel Valls, sur France 2 dimanche 7 décembre . Et même si François Hollande avait fait savoir que la deuxième partie de son quinquennat servirait aussi à lancer des réformes institutionnelles, le Premier ministre a tempéré :
"C’est compliqué à faire. Ça nous obligerait à redécouper toutes les circonscriptions.
"
L’introduction d’une dose, aussi petite soit-elle de proportionnelle, implique en effet un vaste chantier avec nécessité de redéfinir et dessiner les circonscriptions, plafonnée à 577 par la Constitution.
Manuel Valls avance également l’argument du Front national. Pour ne pas être accusé, comme François Mitterrand en son temps, d'avoir favorisé l'entrée du FN dans l'hémicycle. Et ce quelques jours après un sondage du Figaro qui révélait que si les législatives avaient lieu aujourd’hui, avec un scrutin à la proportionnelle intégrale, non seulement la gauche serait laminée, mais le parti de Marine Le Pen pourrait avoir jusqu’à 158 sièges de députés.
Sur France 2, le chef du gouvernement a ainsi lâché :
"Ce serait une sacrée responsabilité que je ne souhaite pas que nous prenions. Cela ferait rentrer 150 ou 180 députés Front national à l’Assemblée. Et puis, surtout, cela rendrait le pays totalement ingouvernable. Et ça, je crois que c’est une voie que nous ne pouvons pas prendre.
"
Un membre de la majorité confiait pourtant récemment au Lab que le Premier ministre souhaitait un "big bang institutionnel". Avec notamment l’introduction de cette dose de proportionnelle. Mais ça, c’était à l’arrivée de Manuel Valls à Matignon. Depuis, le contexte a évolué pour le patron du gouvernement. Proche du Premier ministre, Luc Carnouvas, dans un livre, préconise pourtant l’instauration de la proportionnelle... intégrale . Une proposition faite en accord avec son mentor ?
Toujours est-il qu'à l’inverse, porte-parole du PS et proche de François Hollande, le député Olivier Faure jugeait quant à lui qu’il y a plus urgent pour le chef de l'Etat que d’ouvrir ce chantier . Patron des députés PS, Bruno Le Roux se disait de son côté, en janvier 2013, "dubitatif" sur l’introduction de la proportionnelle.
Et comme la droite y est farouchement opposée, cette réforme semble bien partie pour ne jamais arriver. En tout cas, pas forcément avant 2017.