EMPREINTE NUMÉRIQUE - Conseillère municipale FN à Dijon, Frédéricka Desaubliaux aime, comme de nombreux élus, partager sur son profil Facebook des publications qui lui semblent notables. Problème : comme le relève Miroir Mag ce lundi 19 mai, la frontiste, élue conseillère municipale à l’occasion des dernières municipales, publie régulièrement des posts xénophobes et homophobes, en contradiction avec l’entreprise de dédiabolisation menée par les hautes instances du parti. Elle s’en explique :
"Certains de mes posts sont exagérés certainement, mais dans le fond, il y a quand même un fond de vérité.
"
Dimanche 18 mai, elle a ainsi relayé sur son compte Facebook ouvert au public un message ciblant la communauté musulmane. On peut y lire : "Vous avez déjà vu un 'SDF musulman' en France ? Perso, je n’en ai jamais vu… Et vous ? Si vous n’avez jamais vu de 'SDF musulman' en France, cliquez sur 'Partagez'". Un message accompagné d’une photo de Marine Le Pen et partagé par Pascal Fort, n°2 sur la liste Bleu Marine dans le 14ème arrondissement de Paris lors des dernières municipales.
La veille, Frédéricka Desaubliaux a publié une photo d’un paquet de lessive siglé 'Le Pen', image accompagné du commentaire d’un frontiste : "Plus blanc que blanc".
Le même jour, le samedi 17 mai, elle postait une chanson intitulée Oh France, ma France, interprétée par le groupe d’extrême droite tendance néonazi Légion 88. Le nom du groupe fait référence à Adolf Hitler, le chiffre 8 renvoyant à la lettre "H", 88 à "HH" comme dans "Heil Hitler". Il s’est illustré dans les années 80 avec des *chansons* comme Mohamed mouche à merde (sic) ou Casser du bougnoule (sic).
Autre exemple, vendredi 16 mai, avec une photo de la Corse, accompagnée d’un texte sans équivoque : "Il n’y pas de mosquées… Il n’y a pas de femmes voilées… Il n’y a pas de prières de rues… Il n’y a pas de t-shirt 'je nique la Corse'… Il n’y a pas de 'tournantes'… Il n’y a pas… Les filles peuvent : faire du stop… se promener en mini-jupes… sortir la nuit… Les mecs peuvent dire qu’ils ne fument pas et refuser du feu sans se faire égorger… Il y a de la charcuterie en vente libre… Ils ont raison… La Corse ce n’est pas la France !".
Le même jour, la conseillère municipale a partagé un montage où l’on voit la France en flammes, peinte au couleur de l’Algérie et surplombée d’un texte court : "la France est à nous".
La communauté musulmane n’est pas la seule à faire les frais des attaques relayées par Frédéricka Desaubliaux. Entre un article dénonçant "le copinage" de Christiane Taubira et une photo où elle apparaît non loin de Marine Le Pen lors du défilé du 1er mai, l’élue frontiste fait la promotion d’un statut contre la journée de la jupe et le happening organisé vendredi 16 mai par des lycéens nantais contre les discriminations.
Voici ce que dit le message :
"Belle image de la France !! Journée tantouze !!!!!!! […]Diffusez ce communiqué pour que les parents prennent leur disposition et n’envoient pas leurs enfants à l’école sodomite de Nantes…!!!!!!
"
Comme l’a noté Miroir Mag, Frédéricka Desaubliaux a également diffusé un message du mouvement d’extrême droite Bloc Identitaire, message qui a depuis été supprimé de son compte Facebook.
Contacté par Le Lab, le secrétaire général Côte-d’Or du Front national Édouard Cavin minimise la responsabilité de l’élue dijonnaise :
"Je ne cautionne pas tout ce qu’elle a partagé même si elle n’a rien écrit. Elle a diffusé des articles qu’elle n’avait pas forcément lus. En même temps, ces articles parlent à chaque fois de faits qui existent en France. […] Mais ils ne reflètent pas du tout sa manière de penser.
"
Pour lui, Frédéricka Desaubliaux est "nouvelle en politique". Elle a donc fait preuve "d’innocence", "d’inconscience", selon les mots d’Édouard Cavin :
"Les élus doivent avoir de la retenue mais ils ne doivent pas non plus être muselés. Ça lui a pris du temps de réaliser qu’elle avait désormais une dimension publique. Je l’ai bien mise en garde sur certains articles. Elle m’a d’ailleurs dit qu’elle allait faire le ménage dans ses contacts.
"
Le ménage et sans doute une lecture plus approfondie des écrits qu’elle partage.
Contactée par Le Lab, Frédéricka Desaubliaux n’a pas répondu à nos sollicitations.