Valls va plus loin que Sarkozy contre la GPA : "la France veut promouvoir une initiative internationale"

Publié à 06h54, le 03 octobre 2014 , Modifié à 12h08, le 03 octobre 2014

Valls va plus loin que Sarkozy contre la GPA : "la France veut promouvoir une initiative internationale"
© Maxppp / Pascal Bonnière (La Voix du Nord)

Au lendemain d'une interview de Nicolas Sarkozy s'attaquant, entre autres, à la GPA, et à l'avant-veille d'un rassemblement anti-GPA organisé par La Manif pour tous, Manuel Valls dégaine dans La Croix. Et va plus loin encore que le candidat à la présidence de l'UMP en préconisant de "promouvoir une initiative internationale" contre la gestation pour autrui.

Le Premier ministre explique ainsi que les pays autorisant la GPA devraient l'interdire aux Français traversant leurs frontières, et à toute autre nationalité n'ayant pas le droit d'y recourir dans son propre pays :

La France entend promouvoir une initiative internationale qui pourrait aboutir, par exemple, à ce que les pays qui autorisent la GPA n’accordent pas le bénéfice de ce mode de procréation aux ressortissants des pays qui l’interdisent. À la demande du président de la République, Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, prendra dans les semaines qui viennent des initiatives pour trouver le cadre approprié. C’est une action de long terme.

La France a été condamnée en juin par la Cour européenne des droits de l'homme car elle refuse de transcrire à l'état-civil français les actes de naissance d'enfants nés de GPA à l'étranger. Manuel Valls reconnait la "gravité" de cette question mais refuse toujours de reconnaitre la filiation entre un enfant né - illégalement selon le droit français - de mère porteuse et son père :

Le gouvernement exclu totalement d'autoriser la transcription automatique des actes étrangers, car cela équivaudrait à accepter et normaliser la GPA. J'ajoute qu'il est incohérent de désigner comme parents des personnes ayant eu recours à une technique clairement prohibée.

La veille, dans Le Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy avait pour sa part proposé d'inscrire dans la Constitution l'interdiction de la GPA en France.

Dans La Croix, Manuel Valls rappelle également que le recours à une mère porteuse est interdit en France et que François Hollande a toujours dit depuis son élection qu'il ne reviendrait pas sur cette prohibition. Il fustige une "pratique intolérable" :

La France est opposée à la légalisation de la GPA qui est, il faut le dire, une pratique intolérable de commercialisation des êtres humains et de marchandisation du corps des femmes.

Des propos *très* éloignés de ceux qu'il avait pu tenir au magazine Têtu dans le cadre de la primaire PS en 2011. "Si elle est maitrisée, elle est acceptable, et j'y suis donc favorable", lançait-il alors en précisant qu'il ne représentait pas la position du PS. Voici son argumentation de l'époque :

Aujourd’hui, les nouvelles techniques permettent cette gestation pour autrui, et il y a des possibilités d’y recourir légalement dans des pays voisins. De ce point de vue, je considère que cela doit concerner toute forme de couples, mais il faut qu’il y ait des règles précises qui encadrent la GPA, car elle soulève de nombreuses interrogations.



Le droit à l’enfant ne peut ni remplacer ni primer sur l’intérêt de l’enfant. Je considère que le débat intellectuel, philosophique concernant la famille n’est pas un débat anodin, et qu’on a intérêt à le mener jusqu’au bout. Car la GPA repousse les barrières qui encadrent la procréation assistée, et il y a le problème de la transaction financière avec des femmes souvent pauvres. Je comprends que certains au PS aient peur d’une dérive vers une marchandisation du corps des femmes qui pourrait se révéler immaîtrisable.



Mais au-delà de ces précautions, c’est une évolution qui est incontournable, à condition qu’elle soit encadrée. Contrairement à ce que disent ceux qui sont par principe hostiles à la GPA, je crois que si celle-ci est maîtrisée, elle est acceptable, et j’y suis donc favorable. À terme, je suis favorable à une évolution législative, mais contrairement au mariage, ce n’est pas la position du PS.

Interrogé sur ce revirement en fin de matinée, Manuel Valls explique avoir "réfléchi" : "on peut évoluer, on peut changer". Il précise également s'exprimer "au nom du gouvernement", en tant que Premier ministre. Et non à titre personnel.

[Edit 12h00] Ajout déclaration de Manuel Valls face aux caméras de BFMTV et i>télé.

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