Benoit Hamon soigne sa gauche. Après l'accord sur l'emploi passé entre le patronat et trois syndicats le 11 janvier, le ministre de l'Economie sociale et solidaire tient à souligner que - malgré tous les "progrès" rendus possibles par l'accord - "deux organisations syndicales n'ont pas signé ce texte". Et que le gouvernement serait bien avisé de ne pas les oublier.
A l'heure où la majorité insiste pour que l'accord passé soit "transposé fidèlement" par les députés à l'occasion d'un texte de loi, le ministre rappelle que les voix n'étaient pas unanimes à la fin des négociations :
Il y a deux organisations syndicales qui n’ont pas signé ce texte, deux grosses organisations, CGT et Force ouvrière.
Ce que le président de la République a dit et souhaité c’est que la transposition de cet accord ne fasse pas l’impasse sur le dialogue avec ces deux organisations syndicales-là. Nous en avons besoin.
Benoit Hamon ne va pas jusqu'à vouloir "améliorer" l'accord - chose absolument écartée par le gouvernement - mais insiste sur les "à côtés". Autrement dit, la possibilité de faire passer une proposition de loi complémentaireà l'accord.
Cette dernière s'intéresserait notamment à la question de la cession des sites industriels rentables, également appelée "loi Florange", longtemps défendue par Arnaud Montebourg et non intégrée dans l'accord sur l'emploi.
Benoit Hamon explique :
Sur ce qui concerne l'accord et ce qui pourrait être à côté, il y a notamment le principe d’un texte qui pourrait être d’initiative parlementaire sur la question des sites rentables.
Nous pouvons, à coté de ce texte, construire une proposition de loi sur la reprise d’entreprises, pour éviter que des propriétaires décident du jour au lendemain, pour des logiques purement boursières, de fermer un site rentable.
Eh bien, que par la loi on puisse les empêcher de pratiquer ces pratiques prédatrices !
Le ministre, longtemps représentant de l'aile gauche au PS, souhaite sans doute ainsi rassurer "ses" députés, ceux appartenant à la motion "Maintenant la gauche", opposante à Harlem Désir lors du congrès socialiste d'octobre. Ces derniers, sous la plume de Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann et Jérôme Guedj, ont dénoncé le 13 janvier un accord "déséquilibré", trop favorable au patronat.
Une proposition de loi annexe sur la reprise des sites rentables serait un acte symbolique pour faire pencher la balance en faveur des salariés. Harlem Désir et David Assouline plaident également pour cette solution. Le gouvernement a donné son aval mais n'a pas précisé si le texte serait réellement présenté "aux côtés" de celui sur l'emploi ou plus tard.