L'homme qui a mis en examen Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse n'accepte pas d'être ainsi publiquement montré du doigt par l'ex-conseiller spécial de l'ancien chef de l'État. Selon les informations de Paris Match.com , le juge Jean-Michel Gentil étudie la possibilité d'une action en justice contre Henri Guaino qui l'accuse d'avoir "déshonoré la Justice".
[Edit samedi 23 mars, 13h40] L’avocat du juge Gentil, interviewé par RTL , a confirmé que son client envisage "une action judiciaire pour outrage à l’encontre d’Henri Guaino".
Ainsi déclare-t-il au micro de la radio :
"J'ai été extrêmement surpris par l'outrance des réactions suite à une décision judiciaire qui, il faut le signaler, n'a pas été prise par Monsieur Gentil tout seul mais par une collégialité de magistrats.
Monsieur Gentil en tant que citoyen et magistrat envisage une action. Il a été outragé et injurié publiquement par Monsieur Guaino qui l'a traité hier matin (vendredi, ndlr) de quelqu'un d'irresponsable faisant le déshonneur de notre justice et de nos institutions.
"
[Edit samedi 23 mars, 18h] Le juge Gentil va bien attaquer en justice Henri Guaino. C'est ce qu'a confirmé son avocat à l'AFP. "M. Guaino sera cité devant le tribunal correctionnel pour répondre des infractions qui lui sont reprochées", a-t-il déclaré.
Henri Guaino s'est emporté, ce vendredi 22 mars sur Europe 1 :
"Où sont les preuves ? Où sont les millions ? Où est l'argent qui a été versé ?
"
Et le député des Yvelines d'apostropher publiquement le juge Gentil :
"Je trouve que ça assainirait beaucoup la justice quand les juges prennent des décisions, qu'ils s'en expliquent publiquement. Si le juge Gentil a des éléments, je pense que s'agissant de cette affaire, il devrait les communiquer à tous les Français.
"
Voir la vidéo à 7'00 :
Ami intime de l'ancien président, l'UMP Brice Hortefeux s'est étonné d'une mise en examen "bien à propos" sur fond de popularité croissante pour M. Sarkozy et décroissante pour le président François Hollande. Il a parlé lui aussi d'un traitement "exclusivement à charge".
Face au feu roulant des sarkozystes, la Chancellerie s'est fendue d'un communiqué de défense en début d'après-midi. Christiane Taubira prend soin de ne pas nommer le juge Gentil mais tout le monde sait à quil elle pense quand elle signe un texte stipulant qu'elle "regrette tous propos qui porteraient atteinte à l’honneur des juges et assure les magistrats qui seraient mis en cause de son soutien".
Parallèlement, l'Union Syndicale des Magistrats fait savoir, notamment sur le site du Nouvel Observateur , qu'elle va écrire au président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, "pour qu'il rappelle à l'ordre monsieur Henri Guaino pour ses propos".
Et le député socialiste du Finistère Jean-Jacques Urvoas consacre un billet de blog aux fondements juridiques d'éventuelles poursuites contre Henri Guaino.
A savoir l’article 434-25 du Code pénal qui stipule que "le fait de chercher à jeter le discrédit, publiquement par actes, paroles, écrits ou images de toute nature, sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende".
Sauf que, comme le rappelle le président de la commission des lois, il ne faut pas non plus oublier l’article 26 de la Constitution :
"Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions .
"
De son côté, un autre très proche de Nicolas Sarkozy a profité de son passage sur RMC pour "emmerder" l'avocat de l'ex-majordome de Liliane Bettencourt.