Affaire Cahuzac : Manuel Valls répond aux soupçons de "note confidentielle" issue de la DCRI

Publié à 12h16, le 04 avril 2013 , Modifié à 12h28, le 04 avril 2013

Affaire Cahuzac : Manuel Valls répond aux soupçons de "note confidentielle" issue de la DCRI
Manuel Valls sur BFMTV le 4 avril 2013 (image BFMTV)

A chaque ministre son lot d'explications. Depuis les aveux de Jérôme Cahuzac sur son compte en Suisse, l'opposition demande des comptes au chef de l'Etat et à ses ministres : qui était au courant ?

Si Pierre Moscovici est en première ligne en tant que ministre de tutelle de Jérôme Cahuzac, soupçonné d'avoir fait preuve de "complaisance" , voire de dissimulation, Manuel Valls doit lui aussi répondre à certaines accusations.

> Ce qui lui est reproché 

Selon Le Canard enchaîné, le ministre de l'Intérieur aurait demandé à la direction centrale des renseignements intérieurs (DCRI) d'enquêter discrètement sur Jérôme Cahuzac, dès les premières accusations de Mediapart. Il est dit également que la DCRI a été chargée d'authentifier la voix du ministre entendue sur l'enregistrement révélé par le site d'investigation.

Une forme de contre-enquête qui aurait abouti fin décembre à une "note de trois pages" transmise place Beauvau puis donnée à François Hollande. Le Point parle également de "note blanche confirmant les accusations de Mediapart".

Bref, de fortes raisons de présumer de l'existence du compte de Jérôme Cahuzac seraient remontées jusqu'au sommet de l'Etat trois mois avant la démission du ministre.

> La réponse de Manuel Valls 

"Aucune enquête parallèle", selon le ministre qui assure qu'il ne disposait d'aucune information susceptible de mettre en cause son collègue. Pour se défendre, il prêche l'exemplarité.

"Cela aurait constitué une faute d'intervenir" : telle est la ligne adoptée par Manuel Valls dans un communiqué , dans Libération  et sur BFMTV ce 4 avril, rappelant que seule la justice est en droit de mener des enquêtes. Ce n'est ni "mon rôle" ni "ma prérogative", argue-t-il.

Face à Jean-Jacques Bourdin, il s'indigne ainsi :

"

Vous vous rendez compte ? La DCRI qui est en charge notamment de la lutte contre le terrorisme, contre la menace qui a frappé ce pays il y a un an, vous pensez un seul instant que j’aurais demandé, moi, à la DCRI de faire une enquête sur Jérôme Cahuzac ou sur la bande où sa voix est enregistrée ?

Où sommes-nous ? C'est fini ça, ces temps où les anciens renseignements généraux pouvaient enquêter sur des personnalités politiques.

"

Révolte semblable dans Libération :

"

Ce genre de pratiques relève d'un autre temps, d'une époque révolue, les RG et les cahiers de M. Bertrand n'existent plus. (...) Nous ne pouvons pas utiliser ainsi la DCRI, sauf à penser que Mediapart ou Cahuzac portait atteinte à la sûreté de l'Etat !

"

Preuve que, s'il n'a pas commandé de contre-enquête, il pas non plus ignoré le problème, le ministre de l'Intérieur indique au quotidien avoir demandé à la DCRI s'ils avaient déjà dans leurs cartons des éléments sur Jérôme Cahuzac. Sans résultat selon le ministre :

"

Mon directeur de cabinet et moi-même avons interrogé, avant Noël, M. Calvar [le patron de la DCRI] pour savoir si M. Cahuzac apparaissait d'une façon ou d'une autre dans les notes et fichiers de la DCRI.

Il a regardé cela de près et nous a répondu qu'il n'y avait pas du tout d'éléments sur Cahuzac.

"

Ce 4 avril toujours, Pierre Moscovici a lui-aussi dû répondre à ses accusateurs. Ils le soupçonnent d'avoir protégé Jérôme Cahuzac et d'avoir orienté l'enquête des autorités suisses. Le Lab décrypte ici sa stratégie de défense.

Du rab sur le Lab

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