Affaire Riwal, suite. Le parquet de Paris a demandé ce vendredi 22 juillet le renvoi en procès du Front national et de deux de ses dirigeants, dont le trésorier Wallerand de Saint-Just, dans l'enquête sur le financement de ses campagnes de 2012, selon l'AFP.
Depuis 2014, les juges s'intéressent au rôle du micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, et de la société de communication Riwal, dirigée par Frédéric Chatillon, dans le financement des élections législatives de 2012 et de la dernière campagne présidentielle de Marine Le Pen. Ils soupçonnent le mouvement d'avoir mis en place un système d'enrichissement frauduleux aux frais de l'Etat avec l'un de ses prestataires, la société Riwal, et le micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, en profitant des remboursements publics sur les frais de campagne. Des faits contestés par le parti et tous les protagonistes.
Le principal volet de l'affaire porte sur les législatives de 2012. Au centre de l'enquête, des kits de campagne (tracts, affiches, cartes postales), au tarif de 16.650 euros, fournis à quelque 525 candidats par Riwal, une société dirigée par un très proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon. Pour les acheter, les candidats devaient contracter un prêt avec intérêts auprès de Jeanne.
Les juges soupçonnent derrière ce montage complexe des prestations gonflées et surfacturées au détriment de l'Etat, qui rembourse les frais de campagne aux candidats dépassant 5% des voix. Les juges soupçonnent un système imposé aux candidats sans tenir compte de leurs besoins sur le terrain ni de la réalité de leur campagne, "dans l'unique but de majorer des dépenses électorales remboursables", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Si les juges d'instruction suivent les réquisitions du parquet, signées le 11 juillet, le FN sera jugé pour complicité d'escroquerie dans le cadre des législatives de 2012 et recel d'abus de biens sociaux. Le trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just est poursuivi pour recel d'abus de biens sociaux, tandis que l'un de ses vice-présidents, Jean-François Jalkh, est soupçonné d'escroqueries lors des élections législatives et présidentielle de 2012, indique l'AFP.
Le FN, qui dénonce un dossier vide et instruit à charge, pour lui nuire avant la présidentielle de 2017, conteste toute surfacturation et fait valoir que ses comptes ont été validés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
La cheffe du parti, Marine Le Pen, a elle toujours clamé son innocence, comme elle l'affirmait en janvier 2015, après la mise en examen du fondateur de l'agence Riwal, Frédéric Chatillon.
"Je n'ai pas été auditionnée. Je ne sais absolument pas de quoi retourne cette affaire. Elle ne me concerne pas juridiquement.
"
Marine Le Pen a depuis été entendue sous le statut de témoin assistée, sans être mise en examen. Le parquet requiert également le renvoi en procès de Frédéric Chatillon pour faux, escroqueries, abus de biens sociaux, ainsi que les personnes morales Riwal, pour financement illégal de campagnes électorales et escroqueries, et Jeanne pour escroqueries. Un procès est également demandé pour l'élu régional FN Axel Loustau, qui était en 2012 à la fois trésorier de Jeanne et actionnaire de Riwal.
[EDIT 23/07]
Dans un communiqué transmis vendredi dans la soirée, l'avocat du Front national explique que le parti "réfute depuis le début de cette enquête avec la plus grande fermeté les charges artificielles retenues contre lui" et "s'étonne du calendrier choisi pour la transmission de telles réquisitions, en plein été, et de la publicité qui lui est donnée".