Publié à 13h33, le 13 décembre 2016 , Modifié à 23h49, le 13 décembre 2016

Alep : les doutes à géométrie variable de Thierry Mariani sur les infos de l'ONU et de Moscou

© AFP

DUBITO ERGO SUM (OU PAS) - "On n'en sait rien, la première victime d'une guerre, c'est la vérité." La phrase est signée Thierry Mariani, mardi 13 décembre dans Le Figaro. Le député LR des Français de l'étranger, soutien actif de François Fillon et connu pour ses positions très russophiles et ses visites à Bachar al-Assad en Syrie, est interrogé sur la bataille d'Alep-Est qui a pris un nouveau tour la veille au soir.

Alors que les forces du régime du dictateur syrien et leurs alliés Russes et Iraniens sont sur le point de reconquérir en totalité la partie orientale de la ville assiégée, occupée depuis quatre ans par la rébellion, des exactions visant les populations civiles ont visiblement eu cours dans les rues d'Alep lundi soir. Selon l'ONU qui a communiqué à ce sujet mardi, il existe des preuves fiables selon lesquelles 82 civils, dont 11 femmes et 13 enfants, ont été abattus à vue par les forces pro-Assad. Disant avoir reçu des rapports de ces exactions, le porte-parole du bureau des Droits de l'homme des Nations Unies, Rupert Colville, a cependant admis ne pas pouvoir vérifier l'exactitude de ces informations.

Thierry Mariani, de son côté, se permet d'en douter. Contacté par Le Lab, il assure "ne pas remettre en cause ce communiqué-là" de l'ONU. Il dit également :

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On n'en sait rien. C'est une zone à laquelle personne n'a accès. L'ONU n'a pas d'observateurs sur place, à ce que je sache. Et l'ONU a pu dire des bêtises par le passé. Il faut toujours avoir des doutes sur ce genre d'informations, qu'elles viennent de l'ONU ou d'ailleurs. Nous sommes aussi dans une guerre de communication. Je suppose que l'ONU a de bonnes informations...

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De son côté, Moscou a assuré que les exactions avaient "en fait" été "commises par des groupes terroristes".

À lire > Bataille d'Alep : pour Kanner, "nous aurons peut-être du mal à nous regarder" après les massacres

Thierry Mariani appelle donc à la prudence vu le contexte, afin de déceler toute forme de distorsion éventuelle de l'information. "Dans ce genre de conflit civil, la première victime est la vérité et on ne sait plus qui croire", martèle-t-il.

Une démarche qu'il ne s'applique cependant pas toujours à lui-même, notamment lorsqu'il s'agit de relayer une vidéo d'un média financé à 100% par l'État russe et montrant des "scènes de liesse" à Alep lundi soir, censées démontrer que la population locale célèbre la "libération" de la ville par le régime de Bachar al-Assad et la Russie de Vladimir Poutine :



Interrogé sur ce qui ressemble à une *légère* contradiction de sa part dans la réception et la diffusion d'informations relatives aux événements en Syrie, Thierry Mariani assure de nouveau qu'il "émet des réserves sur toutes les informations". Puis se justifie :

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Il y a tellement de médias anti-russes qu'on peut relayer par moments ceux qui vont dans l'autre sens. Si on fait l'équilibre des médias en général et en France, c'est plutôt très largement anti-russe.

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Un "deux poids-deux mesures" qui le motive donc à rééquilibrer un peu le tout à son niveau. Y compris en diffusant ce qui, coïncidence, va dans le sens de la propagande du Kremlin et de Damas.

"Une victime civile, c'est toujours une victime de trop", dit-il enfin. Et de conclure : "Tous ceux qui disent lutter contre le terrorisme devraient, tout en déplorant toutes les victimes civiles, se réjouir de la libération d'Alep qui est une défaite pour les terroristes islamistes." plaide pour un rapprochement avec Bachar al-Assad et la Russie sur le dossier syrien avait, fin octobre sur France 2, refusé de parler de "crimes de guerre" en SyrieIl ne faut pas utiliser des mots comme ça, sans pouvoir vérifier."

Alep était lundi sur le point de tomber aux mains du régime et de ses alliés après quatre semaines d'une offensive dévastatrice contre les rebelles. En perdant ses dernières positions à Alep, la rébellion va essuyer son pire revers depuis le début de la guerre en mars 2011. La reconquête totale de la ville offrira au régime le contrôle des cinq principales villes de Syrie avec Homs, Hama, Damas et Lattaquié. Dans le sud de la métropole ravagée, les frappes aériennes et les tirs d'artillerie se poursuivaient sur le dernier réduit rebelle, alors que les civils continuaient de fuir, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique.

François Hollande a lancé un "ultimatum humanitaire" au régime syrien, soulignant qu’il y a "urgence". Le chef de l’Etat s’était joint à plusieurs ONG actives en Syrie qu’il venait de recevoir à l’Elysée. Plusieurs parlementaires - Cécile Duflot (EELV), Patrick Mennucci (PS) et Hervé Mariton (LR) - se sont rendus en Syrie dimanche 11 décembre et lundi 12 décembre. Enfin, ils ont tenté, car ils ont été bloqués à la frontière turque. 



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