En Crimée, Thierry Mariani (LR) a trouvé que "les gens ont un air joyeux"

Publié à 11h36, le 01 août 2016 , Modifié à 17h17, le 01 août 2016

En Crimée, Thierry Mariani (LR) a trouvé que "les gens ont un air joyeux"
Thierry Mariani rendant aux habitants de Crimée leur bel "air joyeux" © KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

HAPPY CRIMÉE - Ah, les voyages ! La découverte de nouvelles cultures, les rencontres, et puis toutes ces couleurs et ces sourires... Des gens heureux et une région qui va mieux : voilà ce que Thierry Mariani retiendra, sans surprise, de sa nouvelle épopée en Crimée. Député des Français de l'étranger (sa circonscription, immense, inclut la Russie), l'élu LR organisait ces derniers jours un second voyage avec une douzaine de parlementaires dans cette région ukrainienne annexée par la Russie en 2014 après une occupation militaire et un référendum contesté, qualifié d'illégal par Kiev et les occidentaux.

L'occasion pour l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, porte-voix des positions de Moscou en France, de faire valoir les bienfaits de cette annexion. Lors d'une conférence de presse à Sébastopol dimanche 31 juillet, il a expliqué que tout allait très bien dans ce territoire, avec même une certaine amélioration depuis sa dernière visite, à l'été 2015 :

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La Crimée a choisi de redevenir russe, la Crimée est russe, passons à autre chose et essayons de retrouver des relations normales entre les pays européens et la Russie. J'ai trouvé une région qui changeait, les routes sont meilleures que l'année dernière. Je regrette qu'il n'y ait pas plus de journalistes occidentaux qui viennent voir que, pour un pays qu'on dit occupé, les gens ont un air joyeux.

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En résumé : ça va mieux et si l'on pouvait arrêter d'ergoter sur le droit international et revenir sur les sanctions imposées à Moscou, cela serait gentil merci. D'autant que les autochtones, eux, sont ravis.

Enfin, pas tous évidemment. Il y a d'abord les autorités ukrainiennes, qui ont publiquement dénoncé ce voyage. L'ambassade d'Ukraine en France et son ambassadeur ont fustigé "l'impudeur absolue de ces parlementaires français exhibant leur fascination pour l'armée russe qui a annexé la Crimée." Le ministre des Affaires étrangères ukrainien a, lui, jugé que "certains hommes politiques français ont violé les lois ukrainiennes et internationales et ont négligé la position officielle de leur propre État, qui reste déterminé à défendre la souveraineté de l'Ukraine et son intégrité territoriale". Contrairement à 2015, le quai d'Orsay n'a pas, cette année, émis d'avis contraire à ce périple.

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Et puis il y a la question des Tatars de Crimée. Une partie de la visite des parlementaires français a ainsi été consacrée à cette communauté musulmane autochtone de la péninsule qui subit une forte pression de la part des autorités russes en raison de leur opposition à l'annexion. Plus d'une quinzaine de Tatars ont été arrêtés depuis fin 2015 et leur assemblée, le Medjlis, a été qualifiée fin avril d'"organisation extrémiste" par la justice russe.

Après avoir rencontré les autorités nommées par Moscou, Thierry Mariani a jugé vendredi que leur situation était "en net progrès par rapport aux années passées et notamment par rapport à la période ukrainienne". "Très sincèrement, c'est une question soulevée par la propagande, je pense qu'il vaut mieux être Tatar en Crimée que Russe en Lettonie", a-t-il ajouté.

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Interrogée sur le sort de Tatars portés disparus, la procureure générale de Crimée Natalia Poklonskaïa, candidate aux législatives russes du 18 septembre, a d'ailleurs assuré aux élus français qu'il existait des disparus de toutes les communautés et que des recherches étaient menées dans tous les cas. Le dirigeant de la Crimée Sergueï Axionov leur a quant à eux affirmé qu'une partie de ces disparus combattait "en Syrie aux côtés de l'État islamique".

Interrogé par l'AFP, le numéro deux du Medjlis, Nariman Djelial, a pour sa part fait entendre un autre son de cloche. Dénonçant "un show dans le style du Moulin Rouge", il a fulminé :

 

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Je n'arrive pas à comprendre que des parlementaires d'un pays aussi raisonnable que la France applaudissent une comédie de si mauvaise qualité. [Lors de leur prochaine visite, je leur demande de] ne pas se limiter aux rencontres avec les dirigeants et des Tatars loyaux au pouvoir mais de venir voir la maison d'un Tatar enlevé.

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On imagine que Thierry Mariani pourrait alors rencontrer des "gens" qui ont "l'air" moins "joyeux".





[BONUS TRACK] Produits locaux

Une visite de ce style, c'est aussi l'occasion d'aller à la rencontre d'un terroir, de traditions et de richesses inconnues jusqu'alors. Les parlementaires français ont ainsi, notamment, dégusté du vin local que le député LR Nicolas Dhuicq a jugé "riche en sucre et assez fort", regrettant par ailleurs que les sanctions aient "privé l'Europe des excellents fruits de Crimée".

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