COMME D'HABITUDE - C'est l'été. Depuis ce lundi, c'est même le mois d'août. Comme chaque année désormais, l'heure est donc venue d'une polémique née des propos de Nadine Morano. Vous pouvez vous en réjouir ou le déplorer, mais c'est ainsi et vous n'y couperez pas.
Le phénomène est en effet inhérent au huitième mois de l'année : en août 2014, elle s'insurgeait à la vue d'une femme voilée à la plage ; en août 2015, c'était "Paris envahie" de migrants et de SDF, "Paris sale" qui la révoltait ; en 2016, on parle d'une "invasion arabo-musulmane" en France.
Enfin, pas tout à fait. Sur RMC lundi 1er août, l'eurodéputée LR a parlé d'une "immigration arabo-musulmane aujourd'hui nettement supérieure" au passé, qu'elle propose de "freiner" et de "réduire massivement" par le biais de quotas annuels votés au Parlement, "en fonction de nos capacités d'accueil, en fonction des compétences dont la France a besoin et en fonction également des continents de provenance". Elle a poursuivi :
"À un moment, il faut rétablir un équilibre. Si nous voulons garder notre équilibre culturel et notre cohésion nationale, nous devons limiter massivement notre immigration. Je ne veux pas que la France devienne musulmane. Donc nous devons aussi organiser avec les musulmans, qui doivent rester en minorité sinon la France ne serait plus la France... [elle est coupée]
"
Le propos est là (il y a trop d'Arabes et de musulmans en France, mettant ainsi en danger son identité et son "équilibre"...) mais la nuance entre "immigration" et "invasion" est de taille. Visiblement pas tant que ça pour Nadine Morano elle-même, qui a relayé un tweet de RMC reprenant sa déclaration et comprenant à tort les termes "invasion massive arabo-musulmane" :
[Edit 2 août : dans un tweet ce mardi, elle a finalement "suggéré" à "tous les journalistes" de "réécouter l'émission pour reprendre [sa] phrase exacte"... sans pour autant condamner l'emploi du terme "invasion"]
À la suite de quoi une foultitude d'articles de presse ont été écrits au sujet des mots, une nouvelle fois présentés comme non "politiquement corrects", de la candidate à la primaire de la droite qui voit la France comme un "pays de race blanche" (notez également que Nadine Morano répète depuis la fin juillet que "l'islam pose un grave problème en France", tout en disant refuser toute "guerre de religions"). Et puis il y a quelques réactions politiques. Moins que les dernières fois, signe que le numéro lasse peut-être un peu les spectateurs, mais tout de même.
Le député UDI Bertrand Pancher, par exemple, a considéré qu'avec de telles "surenchères", Nadine Morano allait "être privée d'une poursuite de carrière au FN pour cause d'extrémisme" (le parti a déjà signifié par le passé qu'il ne voulait pas accueillir l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy dans ses rangs). Et l'élu de la Meuse, également vice-président du parti centriste, de fournir ce commentaire définitif :
"Elle est dingue.
"
Après les surenchères de Nadine Morano, elle va être privée d'une poursuite de carrière au FN pour cause d'extrémisme : elle est dingue
— Bertrand Pancher (@BertrandPancher) 1 août 2016
Tant que nous ne sommes pas envahis par des personnes aussi stupides, on n'a rien à craindre ... https://t.co/liPlOb3Rio
— Bertrand Pancher (@BertrandPancher) 1 août 2016
Les cadres du Front national, eux aussi, ont peu réagi à cette sortie moranesque. Tout juste Julien Odoul, conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, et Éric Domard, membre du bureau politique du FN et conseiller de Marine Le Pen, ont-ils moqué :
Pathétique surenchère de @nadine__morano qui cherche à caviarder les lourdes responsabilités de @NicolasSarkozyhttps://t.co/20RuuztlqB
— Julien Odoul (@JulienOdoul) 1 août 2016
Morano sort le gros rouge qui tache oubliant qu'elle a soutenu toutes les politiques d'immigration massive de l'UMP https://t.co/nn5MD4jtqy
— Eric Domard (@EricDomard) 1 août 2016