"C’est mort" : ce sont les mots d'une "source proche du dossier", citée par Libération vendredi 9 octobre, pour expliquer que Laurent Stéfanini ne sera pas ambassadeur de France auprès du Vatican. Depuis plus d'un an, la nomination de ce diplomate homosexuel crispe les relations entre l'Élysée et le Saint-Siège. François Hollande était déterminé à ne pas céder au Pape François sur ce dossier, considérant que "ce sont nos valeurs qui sont en jeu". Mais devant le silence obstiné de Rome, le chef de l'État se serait résolu à ce refus, d'après le quotidien.
"Sans le dire publiquement, le gouvernement a pris acte du refus du Vatican", écrit ainsi Libé, qui ajoute :
"Selon des sources bien informées, le cardinal Pietro Parolin, le secrétaire d’Etat du pape, l’équivalent du Premier ministre du Vatican, a signifié aux autorités françaises, lors de son passage à Paris, fin mai, que Laurent Stefanini ne serait pas accrédité auprès du Saint-Siège.
"
Mais si ce n'est pas Stéfanini, ce ne sera personne. Toujours d'après nos confrères, François Hollande ne présentera pas d'autre candidat d'ici à 2017. Le poste restera donc vacant et François-Xavier Tillette, numéro 2 de l'ambassade, assumera ces responsabilités. La fermeté est ainsi toujours de mise du côté français, ce que certains aimeraient entendre plus clairement.
Libé poursuit en effet :
"'C’est plutôt couillu de ne pas céder au pape, je ne comprends pas pourquoi on ne le dit pas plus fort', se désole une source ministérielle. 'Si tu cannes devant le Vatican, c’est la victoire d’une partie des intégristes français et cela, on ne le peut pas. Mais on n’assume pas ouvertement cette position. C’est dommage', ajoute un autre conseiller de l’exécutif.
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Actuel chef du protocole à l'Elysée et au quai d'Orsay, Laurent Stéfanini a déjà été premier conseiller de l'ambassade de France au Vatican entre 2001 et 2005. Si le Saint-Siège ne l'a jamais assumé publiquement, c'est bien son homosexualité qui bloque sa nomination.
"Le Vatican me semble mal placé pour refuser les homosexuels", avait commenté Bernard Kouchner au mois d'avril. L'ancien ministre des Affaires étrangères avait également expliqué avoir rencontré "le même problème" avec le Vatican lorsque, en décembre 2007, il avait fallu remplacer l'ambassadeur en poste. Une longue négociation de dix mois avait en effet eu lieu, le Vatican refusant plusieurs noms à la France. C'est finalement Stanislas Lefebvre de Laboulaye qui avait été choisi après un accord "donnant-donnant", selon les termes de Bernard Kouchner.
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