Publié à 12h57, le 10 décembre 2013 , Modifié à 13h03, le 10 décembre 2013

André Chassaigne sur l'intervention en Centrafrique : "c'est une affirmation renouvelée de la Françafrique"

Si un vote avait lieu, il se prononcerait contre. Interrogé en point presse ce 10 décembre, André Chassaigne, député communiste et président du groupe Gauche démocrate et républicaine à l'Assemblée, a expliqué son hostilité à l'intervention française en Centrafrique .

Il estime que la France est "disqualifiée" pour prendre la tête de cette intervention militaire car elle "porte une responsabilité historique dans la situation actuelle" :

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Il y a un contexte à ne pas occulter, il ne faut pas effacer le rôle de la France pendant des décennies. La France omniprésente en Afrique porte une responsabilité historique dans la situation actuelle. (...)

La France est disqualifiée pour s’afficher comme l’Etat qui doit sortir la République centrafricaine de sa situation.

Nous sommes d'accord pour qu'’il y ait une intervention militaire suite à une résolution de l’ONU.

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Et de répéter encore que le groupe GDR "conteste qu'au regard de notre passé, ce soit la France qui conduise l'opération".

Pour André Chassaigne, il y va même de la "Françafrique" qui perdure :

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L’objectif aurait dû être de mobiliser de multiples pays, la France apparait comme étant le gendarme de l’Afrique.

C’est une affirmation renouvelée de la Françafrique.

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Lors du début de l'intervention française au Mali, Jean-Luc Mélenchon avait lui aussi agité le spectre de la Françafrique sans utiliser directement ce terme.

Ce mardi, André Chassaigne suspecte également ouvertement la France d'aller en Centrafrique pour des raisons économiques :

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Par ailleurs il ne faut pas occulter les intérêts économiques et stratégiques qui sont une réalité.

Dans les sous-sols, les pierres précieuses, les métaux précieux, la forêt ... ce pays a de réelles richesses qui conduisent à des convoitises.

Le pays a une position militaire stratégique.

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A l'UMP, Bruno Le Maire a également été de ceux qui a émis des doutes sur l'intervention française mais sans y voir "d'intérêt stratégique pour la France ".

Ce 10 décembre en début d'après-midi, un débat sans vote a lieu à l'Assemblée sur l'intervention militaire en Centrafrique après un discours de Jean-Marc Ayrault. Dans le même temps, Laurent Fabius s'exprimera au Sénat.

Ivan Valerio (avec Delphine Legouté)