Après la visite de Hollande à Rungis, les journalistes dénoncent un "verrouillage"

Publié à 17h20, le 29 décembre 2012 , Modifié à 19h24, le 30 décembre 2012

Après la visite de Hollande à Rungis, les journalistes dénoncent un "verrouillage"
François Hollande à Rungis le 27 décembre 2012 (Reuters)

Le 27 décembre s'est produit un évènement particulier dans la communication du président de la République : il est allé au marché de Rungis (presque) sans journaliste. Ces derniers dénoncent un verrouillage inédit dans la communication.

Les journalistes politiques habitués à suivre son actualité disent avoir été "tenus à l'écart". "Une grande première", ont-ils expliqué sur France Culture ce 29 décembre dans l'émission Secret des sources.

Ce jour-là, François Hollande fait une "visite surprise"à "ceux qui travaillent pendant la période des fêtes" accompagné d'un pool extrêmement restreint comprenant un journaliste de l'AFP, un cameraman de TF1 et un preneur de son de Radio France.

Ici les trois perches visibles sur les photos diffusées par Reuters :

Sur France Culture, Matthieu Aron, directeur de la rédaction de France Inter, raconte en quoi la pratique est inhabituelle :

Il arrive que des pools - c'est-à-dire des représentants de chaque grand média - soient constitués lorsque le lieu est trop exigu ou qu'il y a des problèmes de sécurité. Ils représentent alors leurs confrères.

Cette fois-ci, c'était un pool sans journaliste, juste un rédacteur de l'AFP pour l'ensemble de la presse française, et deux techniciens.

C'est un déplacement de pure communication où on a exclu les journalistes.

Camille Langlade, journaliste politique à Europe 1, raconte également que, non seulement elle n'a pas été mise officiellement au courant de ce déplacement, mais qu'une fois sur place, elle a dû "rester à l'écart" et se contenter des sons fournis.

Résultat, les images et les sons vus/entendus dans les différents reportages étaient tous les mêmes, transmis par les techniciens. Pas possible pour les journalistes de poser des questions ou de relancer durant la visite.

Le mot est donné : "verrouillage de la com'". Une méthode qui surprend le directeur de la rédaction de France Inter :

Le comble des combles c'est qu'en plus de ce vrai/faux pool, ce sont les ministres [et les communicants comme nous le racontions ici], qui ont envoyé les photos sur twitter. Ce sont donc les accompagnants qui transmettent les seules informations.

Si un président fait un déplacement dans un lieu public qui est Rungis et que les journalistes ne peuvent plus le suivre, et qu’on transmet des images officielles, encadrées, ça pose un vrai problème démocratique dans la manière dont on rend compte de l'activité politique. 

Le journaliste révèle enfin que la profession a "fait une démarche auprès de l'Elysée" pour exprimer son mécontentement : "La prochaine fois, on aimerait pouvoir exercer tout simplement notre métier".

>> le site de l'émission Le secret des sources, c'est par ici

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