Le moment est venu pour Arnaud Montebourg de "faire tomber les masques", a prévenu vendredi 19 août François Kalfon, son porte-parole. Alors forcément, on commençait à se douter qu'il se tramait quelque chose, que la politique n'était pas totalement derrière lui. Il avait lancé "le projet France", s'était mis en retrait de ses activités dans le privé, disait lui-même qu'il n'excluait pas une candidature. Et bim, le voile du mystère est partiellement tombé ce dimanche 21 août.
Dans son fief de Frangy-en-Bresse, Arnaud Montebourg a ainsi officialisé sa candidature en vue de 2017. Quelques jours après Benoît Hamon , à qui il dispute l'électorat de la gauche du PS et qu'il a entraîné dans sa rupture définitive et fracassante avec François Hollande. Il a ainsi lancé :
"Voilà pourquoi je suis revenu ici à Frangy. Je suis revenu pour agir, pour m’engager et cette fois pour réussir ! Je suis candidat à la Présidence de la République Française.
"
Mais le chantre de la démondialisation devenu la coqueluche du made in France a laissé un soupçon de mystère : sera-t-il candidat à la primaire de la "Belle alliance populaire" en janvier 2017 ou partira-t-il en solo à la présidentielle, sans passer par la case primaire dont il craint qu’elle ne soit verrouillée pour permettre la relégitimation de François Hollande ? A aucun moment de son long discours, Arnaud Montebourg ne dit le mot de "primaire". Mais les perdants de la primaire devront s'engager à soutenir le vainqueur. Même s'il s'agit de François Hollande. Alors comment comprendre la phrase d'Arnaud Montebourg disant qu'il lui est "impossible" de soutenir le président élu en 2012 ?
Puis il répète, appelant François Hollande à "prendre la bonne décision" , à "ne pas se représenter" :
"Voilà pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle de 2017. Candidat ? Mais pour quoi faire ? Pour organiser le retour de la France.
"
"Je souhaite qu'il soit directement candidat. Il ne doit pas s'enfermer dans le piège d'une primaire aux règles encore confuses et trop incertaines", estimait dans Les Echos le député PS Patrice Prat, lieutenant d’Arnaud Montebourg à l’Assemblée nationale. L’intéressé lui-même, pourtant inventeur de la primaire socialiste de 2011, prévenait, dans une interview au Monde en juin 2016 qu’il voulait une primaire "loyale" avec 10.000 bureaux de vote. Les règles de ce scrutin organisé par le PS seront connues à l’automne, ce qui laisse encore le temps à Arnaud Montebourg de choisir entre son parti et son envie de se montrer au-dessus des appareils partisans, lui qui jugeait en 2014 qu’une primaire pour 2017 était "inéluctable" .
En 2011, il s’était déjà déclaré candidat à la primaire socialiste pour la présidentielle de 2012 depuis Frangy. Il avait été la surprise du premier tour de ce scrutin, terminant troisième homme derrière François Hollande et Martine Aubry avant de soutenir celui qui allait devenir président pour le second tour.
Avec cette annonce sans surprise, Arnaud Montebourg fait officiellement son retour dans l’arène politique après deux petites années de retrait durant lesquelles il n’a cessé d’envoyer des "cartes postales" pour ne pas passer dans l’oubli. Mais il ne revient pas pour redevenir député ou ministre, comme il le confiait au Monde en 2013. Désormais, la présidentielle est "la seule élection à laquelle il envisage de se représenter" .
[BONUS TRACK] "Yes we can" à la sauce Montebourg
Lui qui revendique s'inspirer de Barack Obama (et non l'inverse) a achevé son discours de candidature par un clin d’œil au "yes we can" du président américain en 2008. Une anaphore à la sauce "made in France" :
"Oui, nous pouvons conjurer ensemble l’affaissement de la France.
Oui, nous pouvons surmonter ensemble notre peur du présent comme de l’avenir.
Oui, nous pouvons transformer ensemble le pays et changer l’Europe !
Oui, nous pouvons refaire ensemble cette France fraternelle, si chère et si grande !
"