Marine Le Pen, présidente du FN, ne s’était pas encore exprimée dans un journal télévisé depuis les attentats du 13 novembre. C’est chose faite en ce 17 novembre sur le plateau de France 2 (à qui elle avait posé un lapin trois semaines plus tôt).
Invitée à s’exprimer sur les sorties indécentes de certains cadres du FN dans la foulée des attentats, elle a une technique subtile pour détourner la question. D’abord expliquer que c’est ce que le "peuple a pensé tout bas" avant de demander la démission du gouvernement, formulée au conditionnel cependant.
Voici l’échange avec le journaliste David Pujadas :
"- David Pujadas : Après les attentats, vous avez affiché de la responsabilité, de la modération mais certains de vos proches (montrant un tweet effacé de Nicolas Bay) ont 'profité' de l’occasion pour attaquer le gouvernement. […] Est-ce qu’ils n’ont pas dit tout haut ce que vous pensiez tout bas ?
- Marine Le Pen : Ce que le peuple français peut-être a pensé tout bas. Vous avez senti cette colère sourde face à tant d’incurie, face à tant d’aveuglement idéologique, face à tant de …
- David Pujadas : Vous assumez leurs propos ?
- Marine Le Pen : Parfois, quand même de lâcheté. Ce que je veux vous dire monsieur Pujadas, c’est que si ce gouvernement avait le sens de l’honneur, ils auraient je crois remis leur démission.
"
La présidente du Front national ne répond donc pas à la question initiale de David Pujadas mais en profite pour dire que ce gouvernement manque d’honneur puisque personne n’a démissionné. Elle ajoute :
"Quand Monsieur Cazeneuve dit que prôner le djihad n’est pas un délit, quand Madame Taubira explique qu’il faut comprendre ces jeunes qui partent en Syrie, quand Monsieur Valls a passé des mois à lutter contre le Front national et y à dépenser tout son temps et toute son énergie alors que le danger, l’immense, le gigantesque danger, il le connaissait puisque nous le connaissions.
Si ce gouvernement avait le sens de l’honneur, ils auraient remis leur démission.
"
Précisons que Marine Le Pen ne demande pas formellement la démission du gouvernement, contrairement à Gilbert Collard, député RBM.
Quant aux fait évoqués par la présidente du FN, ils sont fréquemment repris par les cadres du FN pour attaquer le gouvernement.
La phrase attribuée à Bernard Cazeneuve n'a pas été prononcée par le ministre de l'Intérieur mais par le cabinet du ministre à Métronews en 2014, au sujet d'un livre polémique.
La phrase de Christiane Taubira, elle, s'inscrit dans une explication bien plus longue comme l'expliquait également Metronews.
Enfin, l'attaque concernant Manuel Valls a été explicitée quelques heures plus tôt par Marion Maréchal - Le Pen qui reprochait au Premier ministre d'avoir promis de "tout faire" pour empêcher le FN de gagner.
Sinon, on ne sait toujours pas si Marine Le Pen, présidente du FN, assume les propos de certains cadres importants du mouvement.
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