Audition de Jérôme Cahuzac à l'Assemblée, acte 2 : l'ex-ministre agace les députés

Publié à 17h35, le 23 juillet 2013 , Modifié à 19h54, le 23 juillet 2013

Audition de Jérôme Cahuzac à l'Assemblée, acte 2 : l'ex-ministre agace les députés

Retour de Jérôme Cahuzac à l'Assemblée nationale. L'ancien ministre du Budget revient pour sa seconde audition sur son affaire de fraude fiscale. 

Et il n'a pas fait le voyage pour rien. L'audition a duré plus de deux heures pendant lesquelles l'ancien ministre a irrité certains membres de la commission d'enquête. 

L'audition débute par le serment de Jérôme Cahuzac, qui lève la main droite et dit "je le jure". 

Sur la réunion du 16 janvier à l'Elysée, Jérôme Cahuzac maintient sa version initiale : il n'a pas souvenir d'un tel rendez-vous avec Pierre Moscovici, Jean-Marc Ayrault et François Hollande. 

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Je n'ai aucun souvenir d'une réunion dans le bureau du président de la République ni d'un échange à l'issue du Conseil des ministres.

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Plus tard, il dira à plusieurs reprises n'avoir "aucun souvenir de cet échange de mots". Interrogé sur les différences entre sa version et celle de Pierre Moscovici, il contourne la question en disant simplement : "nous n'avons pas les mêmes souvenirs". "Vous ou Pierre Moscovici, il y en a un des deux qui ment aujourd'hui", lache alors Daniel Fasquelle, député UMP. 

 

C'est le moment du début d'une certaine tension entre Charles de Courson, président de la commission, et Jérôme Cahuzac. "Monsieur le président, vous maniez l'ironie ... Vous avez le droit d'ironiser", a reproché a plusieurs reprises l'ancien ministre. Agacé par le manque de souvenirs de l'homme interrogé, Charles de Courson s'étonne :

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Vous ne vous souvenez plus d'une réunion qui a eu lieu le 16 janvier. Considérez-vous que c'est crédible ?

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Même surprise chez le député UMP, Gérald Darmanin. L'élu de droite met en parallèle les prises de paroles du ministre à l'Assemblée, "sans note", et le fait qu'il ne se souvienne pas d'une réunion le 16 janvier. "On a du mal à croire", juge Gérald Darmanin. 

"Monsieur Cahuzac nous balade avec plus ou moins de mépris à chaque fois qu'on lui pose une question", regrette Philippe Houillon, député UMP. Même irritation du côté de Pierre-Yves Le Borgn', élu PS. "J'ai du mal à comprendre une telle différence entre les propos de monsieur Moscovici et vous", soupire-t-il. 

"La représentation nationale mérite mieux", estime pour sa part Hervé Morin, en rapport aux souvenirs défaillants.

"Ni l'ironie, ni la menace, ne me feront dire ce dont je ne me souviens pas", répète donc Jérôme Cahuzac, qui martèle ne pas se souvenir de cette "réunion, que d'autres ont qualifié d'échange informel ou d'échange de mots". 

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Si je dis ne pas en avoir le souvenir, c'est parce que je n'en ai pas. Mais je devine le doute, dès lors que je nie. 

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Le président Charles de Courson, qui ne cache pas ses doutes sur les propos de Jérôme Cahuzac, note l'habileté rhétorique : l'ancien ministre ne nie pas que cette réunion ait eu lieu, il dit ne pas en avoir eu le souvenir. Et le président de la commission de préciser qu'il s'est engagé soupçonne à saisir la justice, comme il en a le droit, s'il prenait un interlocuteur en flagrant délit de mensonges. 

Des membres de la commission d'enquête parlementaire sur les éventuels dysfonctionnements dans l'action du gouvernement entre les révélations de Mediapart sur un compte caché en Suisse le 4 décembre et les aveux le 2 avril du ministre démissionnaire ont émis à nouveau le souhait d'entendre Jean-Marc Ayrault pour confronter les différentes versions. "Nous rediscuterons de la méthode demain", a conclu Charles de Courson. 

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