INTERNET BASHING ? - Dans une interview accordée au magazine Polka, spécialisé dans le photojournalisme, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, développe sa vision, très tranchée, de la mutation de la presse à l'heure du numérique.
"Il n’y aura plus de différence entre les journaux et la presse gratuite"
Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la communication, développe, dans le dernier numéro du magazine Polka, sa vision de la mutation de la presse sous l'effet du numérique.
La locataire de la rue de Valois, qui a autorité sur la direction générale des médias et des industries culturelles - administration qui pilote notamment le dossier des aides à la presse - y livre une vision très tranchée.
Et si Polka, magazine spécialisé sur le photojournalisme, l'interroge plus spécifiquement sur les mutations du secteur de la photographie de presse, Aurélie Filippetti, dans ses réponses, déborde largement du cadre de la photo de presse, pour présenter sa vision de la presse à l'heure numérique.
Le Lab vous synthétise la vision de la ministre, qui tient en quatre points.
1 - Le constat initial : la presse est en crise
Je suis bien consciente que ce n’est pas facile aujourd’hui, pour les entreprises de presse.
2 - Conseils donnés par la ministre aux éditeurs ? Miser sur la "qualité" des contenus
On doit réussir à les convaincre que c’est par la qualité que la presse peut aujourd’hui se refaire.
Et dans cette qualité, il y a les bons textes mais aussi les meilleures photos.
3 - Or, selon Aurélie Filippetti, il y a une "anti-qualité" des contenus : la presse gratuite et internet
Si la presse abandonne la qualité, il n’y aura plus de différence entre les journaux, les magazines payants et la presse gratuite, notamment sur le Net où rien n’est éditorialisé.
4- Conclusion :
Il n’y a que par la qualité, que par le professionnalisme, que par un parti pris, un point de vue, un regard photographique que la presse s’en sortira.
C’est par le haut qu’elle surmontera la crise.
Dans ce même entretien, Aurélie Filippetti développe le regard qu'elle porte sur la mutation des pratiques de la filière photo à l'heure du numérique :
Sur le Net, des millions d’images circulent, sans que l’on sache qui les a prises et dans quelles circonstances.
[...]
[La] dichotomie entre l’interdiction aux professionnels et ce qui se passe sur Internet est insupportable.
En janvier 2012, dans un entretien à La Tribune, Aurélie Filippetti expliquait comment le candidat Hollande entendait réformer les aides à la presse, souhaitant réorienter certaines aides - non en raison de leur support, mais, plutôt, de leur nature :
Il faut réformer les aides à la presse, aujourd'hui trop dispersées, et dont un tiers va à une presse de loisirs qui n'en a pas vraiment besoin.
Nous créerons donc un guichet unique, et orienterons la grande majorité des aides vers la presse qui s'adresse au citoyen.