JUSTIFICATION - La compagnie Air France a-t-elle fait une "énorme erreur", comme l'en accuse Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, en ravitaillant un avion à Damas, capitale de la Syrie, mercredi 15 août ?
La compagnie aérienne assure le contraire et avance six excuses ce lundi 20 août en soulignant, notamment, des difficultés avec le contrôle aérien syrien qui n'auraient pas laissé à son vol Paris-Beyrouth d'autre choix que se poser à Damas.
N'ayant pu se poser à Beyrouth pour des raisons de sécurité, l'Airbus A330 d'Air France avait dû faire le plein dans la capitale du pays de Bachar el Assad avant de se poser sur l'aéroport chypriote de Larnaca, où les 174 passagers avaient été pris en charge. Ils sont arrivés à destination jeudi 16 août.
Les six réponses d'Air France aux critiques de Fabius
Sur lelab.europe1.fr
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Les décisions dans ces circonstances sont compliquées à prendre mais en plein conflit, se poser à Damas, vous conviendrez avec moi que ce n'était probablement pas la décision la plus pertinente, et je suis diplomate en disant ça.
"a insisté ce lundi 20 août au matin Laurent Fabius sur les ondes de RTL après sa colère du week-end .
Air France a donc tenu à se justifier point par point :
Excuse numéro 1 : le quai d'Orsay était au courant
La compagnie assure que l'enchaînement des événements n'a pas laissé le choix au commandant de bord "en contact permanent avec la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères tout au long du vol".
Excuse numéro 2 : Beyrouth, ça craint trop
Alors que l'A330 d'Air France approchait de Beyrouth, la situation se serait rapidement détériorée. Argument d'Air France : la route de l'aéroport, sur laquelle des milliers d'enlèvements ont eu lieu pendant la guerre civile (1975-1990), était coupée par des hommes en armes.
Air France a donc décidé de dérouter l'appareil sur Amman, en traversant l'espace aérien syrien. Amman est, avec Le Caire et Larnaca, l'un des aérodromes de dégagement prévus lorsque Beyrouth n'est pas disponible. La capitale jordanienne est une destination régulière d'Air France, qui y dispose d'une équipe en permanence. En revanche, elle ne dessert pas Larnaca, a souligné le directeur de permanence à Air France, Pierre Caussade.
Excuse numéro 3 : Il y a une guerre en Syrie ?
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L'espace aérien syrien est totalement ouvert, emprunté par des avions du monde entier
"affirme Pierre Caussade, le directeur de permanence à Air France.
Excuse numéro 4 : c'est la faute des syriens
Problème : l'équipage n'a pas obtenu du contrôleur aérien syrien la trajectoire qu'il escomptait.
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Le contrôleur lui a même demandé de changer de cap à 270°, au lieu de faire simplement un virage à 90°... L'équipage s'est retrouvé avec assez de carburant pour se poser à Damas mais n'en avait plus assez pour aller raisonnablement à Amman
"poursuit Pierre Caussade. A ce moment là, il n'en avait pas non plus assez pour rallier Larnaca.
Incompréhension, incompétence, ou mauvaise volonté du contrôleur envers une compagnie qui ne se pose plus à Damas depuis mars dernier et un pays très critique envers la Syrie ? Air France n'a pas voulu se prononcer sur les raisons qui n'ont pas permis d'obtenir la route souhaitée.
"Autant la relation entre l'équipage et le contrôle aérien en altitude a été difficile, autant les contacts avec le contrôleur de l'aéroport se sont passés tout à fait normalement", a souligné M. Caussade.
Excuse numéro 5, sur la quête pour l'essence : Comment, vous n'avez jamais lu le code des Transports ?
Apprenant qu'il faudrait payer le carburant en espèces, les transactions par carte bancaire étant impossibles, le pilote a recensé les sommes dont les passagers disposaient en espèces. Une collecte qui a provoqué l'incompréhension une fois connue en France.
Le code des Transports lui permet en effet d'emprunter de l'argent auprès des passagers "en cas de difficultés dans l'exécution de son mandat".
Il n'a finalement pas eu recours à cet emprunt, le chef d'escale d'Air France à Damas, était entre-temps arrivé à l'aéroport et avait fait jouer son crédit pour obtenir le kérosène nécessaire, a expliqué M. Caussade.
Une fois le plein effectué, l'avion était reparti en moins de deux heures.
Excuse numéro 6 : Un problème technique pendant le vol ? Mais non, le dégivrage en été ne sert à rien.
M. Caussade a, par ailleurs, confirmé que l'appareil avait eu une anomalie technique sur ce vol, une information qui circule sur les réseaux sociaux. Un voyant signalait un "défaut de dégivrage du pare-brise du côté du copilote", un défaillance sans conséquence en été au Proche-Orient, a-t-il relevé.