Leur silence est frappant. Depuis le début de la grève le 16 octobre, peu de responsables politiques se sont engagés pour soutenir les journalistes d’iTélé, opposés, entre autres, à l’arrivée de Jean-Marc Morandini sur leur chaîne. L’animateur, mis en examen "pour corruption de mineur aggravée", a été imposé à l’antenne par le patron de Vivendi Vincent Bolloré malgré l'opposition de la rédaction.
Si la ministre de la Culture Audrey Azoulay a dénoncé une "trumpisation de l’information" , et certains élus de gauche exprimé leur soutien avec le hashtag #jesoutiensiTélé, beaucoup d’élus restent discrets. L’explication tient en "trois syllabes", selon Benoît Hamon, invité de France Culture ce lundi 24 octobre, alors que les salariés d’iTélé ont reconduit la grève pour un 8e jour consécutif :
"Trois syllabes : Bo-llo-ré.
"
Le candidat à la primaire de la Belle alliance populaire, l'un des rares politiques à s'être rendus la semaine dernière devant les bureaux de la chaîne, a poursuivi :
"Il y a effectivement un calcul qui peut être fait par un certain nombre de responsables politiques, qui consiste [à penser] qu'il est plus coûteux pour eux de se fâcher avec monsieur Bolloré à court et moyen terme. En conséquence de quoi, ils préfèrent rester silencieux.
"
On notera donc que Benoît Hamon n’a, lui, pas peur de se fâcher avec Vincent Bolloré, alors même qu’il est déjà fâché avec M6 .
Les déclarations du député PS frondeur des Yvelines confirment en tout cas des "off" de politiques révélés dans Libération le 18 octobre. Un socialiste expliquait alors :
"J’ai essayé de convaincre des collègues et les réponses sont étonnantes.
1/ Méconnaissance de l’histoire Morandini
2/ Soutenir iTélé est-ce que ça ne va pas me brouiller avec les autres ?
3/ Bolloré est puissant, donc vaut mieux pas se fâcher
4/ Certains ont intégré qu’il n’y avait pas de place pour quatre chaînes d’info. Donc ils laissent faire le marché.
"
Après l’interview de Benoît Hamon sur France Culture, la direction d'iTélé a annoncé qu'elle suspendait "pour des raisons opérationnelles" l'émission de Jean-Marc Morandini jusqu'à la fin de la grève.
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