A la tribune de l’Assemblée nationale puis dans la matinale de Canal , Bernard Cazeneuve, ministre des Affaires européennes, a appelé les députés de droite à ne pas voter le pacte budgétaire européen.
"L’intention de réorienter complètement la politique de l’Europe"
Puisqu’une large majorité du groupe PS se prononcera pour le traité européen, aidé par le groupe des radicaux de gauche, Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement a estimé qu’il y aurait "une majorité de gauche" sur ce texte. Dès lors, plus besoin des voix de la droite, à l’Assemblée tout du moins, pour que le TSCG soit ratifié.
Une dynamique qui faisait dire à Bernard Cazeneuve, ministre des Affaires européennes, mardi soir à la tribune de l’hémicycle :
Si vous vous apprêtez à voter ce traité en croyant que nous allons continuer la politique du précédent gouvernement, ne le votez pas !
Mercredi 3 octobre, sur Canal , l’ancien maire de Cherbourg est revenu sur cette déclaration provocatrice :
C’était le traité de la précédente majorité. Il était présenté comme l’horizon indépassable de la politique de l’Union européenne. Lorsque nous parlions croissance, elle parlait approfondissement du marché intérieur.
Questionné sur l’ambigüité pour la gauche de voter un traité initié par Nicolas Sarkozy et inchangé, Bernard Cazeneuve a tenté de justifier ses propos, tenus en séance, réitérant son appel à la droite :
Notre politique n’est pas la politique du précédent gouvernement. Si l’opposition espérait que ce gouvernement mènerait la politique qu’eux-mêmes avaient menée, alors qu’ils ne votent pas ce traité parce que nous avons l’intention de réorienter complètement la politique de l’Europe.
Ainsi Bernard Cazeneuve veut-il imprimer l’idée que, même si le texte est rigoureusement le même, la politique européenne du gouvernement Ayrault est radicalement différente :
1. Il y aura une majorité à gauche. 2. Ce que nous voulons faire est l’exact contraire de ce qu’ils ont fait.
Je veux dire par là qu’il y a une différence fondamentale entre notre politique et la leur.
Après son intervention à l’Assemblée nationale, mardi, plusieurs députés UMP ont raillé "l’hypocrisie socialiste". En premier lieu, l’ancien ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire :
Nous avons assisté à un grand moment d'hypocrisie socialiste : verbiage, lâchage, ripolinage.
Et le député Damien Abad d’ironiser sur les divisions de la majorité, insistant sur le fait que "la droite et le centre volent à [leur] secours."