L'erreur est étonnante tant le personnage est souvent présenté comme hypermnésique. Sauf à ce que l'approximation soit volontaire. Toujours est-il que Nicolas Sarkozy, pour critiquer François Hollande sur la Syrie et Daesh, ainsi que pour justifier l’intervention en Libye lorsqu’il était à l’Elysée, a comparé la situation actuelle avec ce qu’il dénonce avoir été la passivité de François Mitterrand durant le massacre de Srebrenica. Sauf que le président en exercice alors était Jacques Chirac. Et son Premier ministre Alain Juppé.
Lors de son discours au campus des Jeunes Républicains au Touquet, samedi 10 septembre, Nicolas Sarkozy a ainsi déclaré :
"La question de la Libye. Si un jour l’orient et l’occident s’affrontent, ce sera pour l’humanité un drame. (…) Si nous avions laissé tomber ces jeunes libyens, nous aurions fait comme à l’époque de Monsieur Mitterrand, quand 8.000 musulmans en Bosnie-Herzégovine étaient massacrés devant une communauté internationale hébétée et impuissante.
"
Le président de Les Républicains fait donc ici référence au massacre de Srebrenica qui a eu lieu en juillet 1995. Sauf qu'à cette date, ce n'était plus François Mitterrand qui était à l'Elysée mais Jacques Chirac, élu le 17 mai 1995. Avec donc Alain Juppé à Matignon.
Et s'il critique vraiment la passivité du chef de l'Etat socialiste en poste quelques mois plus tôt, il gouvernait alors en cohabitation avec Édouard Balladur comme Premier ministre. Au sein du gouvernement, siégeaient alors un certain Nicolas Sarkozy au Budget, et un certain... Alain Juppé aux Affaires étrangères.
Une approximation que raille ce dimanche 13 septembre Bernard Cazeneuve. Invité du Grand Rendez-Vous Europe 1 / iTélé / Le Monde, le ministre de l’Intérieur a moqué l’ancien président, soulignant malicieusement la pique à Alain Juppé :
"J’ai entendu dire que "vraiment les socialistes et Mitterrand étaient indignes de ne pas protéger les musulmans à Srebrenica lorsqu’il y a eu le massacre". Mais le massacre a eu lieu en juillet 1995. François Mitterrand n’était plus président de la République depuis trois mois. Sans doute croit-il aux forces de l’esprit. Je crois surtout qu’il croit à la force des approximations. A moins que ce propos n’était destiné à Alain Juppé et Jacques Chirac qui, eux, étaient en situation de gouverner le pays.
"