François Hollande l’annonçait lors de son intervention télévisée sur France 2 le jeudi 14 avril lors de l’émission Dialogues Citoyens : "Ça va mieux". Le chef de l’État expliquait que la reprise était là et que les réformes du quinquennat commençaient enfin à porter leurs fruits .
Seulement, cette analyse est loin d’être partagée par tout le monde au Parti socialiste. Ce vendredi 29 avril, dans les pages Débats & Analyses du Monde, des parlementaires du parti se confrontent via tribunes interposées. La première : "Oui, notre pays avance dans le bon sens" (article payant), écrite par Sébastien Denaja, député PS de l'Hérault et Frédérique Espagnac, sénatrice PS des Pyrénées-Atlantique, signée par 23 parlementaires, soutient le président de la République. La seconde : "Non, sans la participation du peuple, rien ne peut avancer" (article payant), écrite par Christian Paul, député PS de la Nièvre, et signée par huit autres parlementaires PS, se veut porte-voix des frondeurs, très critiques à l’égard du chef de l’État.
Par exemple, lorsque les deux évoquent la forte baisse du chômage au mois de mars, les premiers se réjouissent :
"L’économie recrée enfin des emplois : plus de 82 000 en 2015, c’est la plus forte évolution depuis 2007. Le redressement productif se confirme. Le chômage a enregistré en mars sa plus forte baisse depuis seize ans. C’est le huitième mois consécutif que le chômage des jeunes diminue : moins de 6.6 % en un an. Le recul du chômage est désormais à portée de main.
"
Tandis que les seconds tempèrent :
"Soixante mille chômeurs en moins, ce n’est pas rien. En faire une tendance durable serait tout aussi aventureux et d’autant plus s’éloigner de la réalité que les emplois précaires, eux, ont augmenté presque autant dans le même temps. Les statistiques ne racontent jamais la vie des gens.
"
Pendant que les soutiens de François Hollande saluent les réformes réalisées pour les plus modestes :
"Les baisses d'impôt ont bénéficié à plus de 12 millions de ménages depuis 2014. La prime d'activité a déjà été versée à plus de 2 millions de travailleurs modestes.
"
Les frondeurs pestent :
"La pauvreté et la précarité n'ont pas été massivement attaquées.
"
Deux parfaites illustrations de ce que dénonce Manuel Valls ce 29 avril dans le magazine Society. Le Premier ministre explique que cette opposition qu’il considère comme inédite au sein de sa famille politique peut profiter au Front national. Il dit :
"C’est la première fois qu’il y a une confrontation aussi régulière, spectaculaire, entre ce qu’on appelle les frondeurs et le gouvernement, la majorité du Parti Socialiste. Elle nous affaiblit considérablement depuis le début du quinquennat. D’ailleurs, on se retrouve dans un moment politique très étrange : le débat a lieu au sein de la gauche, ou des gauches – procès de trahison, primaire ou pas, interrogation sur la candidature de François Hollande, etc. – mais le débat n’a pas lieu entre la droite et la gauche ! C’est un comble ! Et le Front National prospère sur ce silence.
"