Ce que pensent les députés de la (dé)marche de Jean Lassalle, "le député qui marche"

Publié à 12h40, le 25 mai 2013 , Modifié à 16h03, le 25 mai 2013

Ce que pensent les députés de la (dé)marche de Jean Lassalle, "le député qui marche"
Le député des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle. (MaxPPP)

UN KILOMETRE A PIEDS - "Don quichotte solitaire" ou "champion"? Utile ou futile ? Coup de com’ ou beau coup politique ? A l’Assemblée nationale, les députés sont partagés quant à l’initiative du député MoDem Jean Lassalle, "le député qui marche"à la rencontre des Français. Son objectif ? Recueillir les doléances des Français pour en faire des "Cahiers de l’espoir".

  1. "Original mais aussi très isolé"

    "Le député qui marche", comme il s’est autoproclamé, a ainsi débuté un tour de France à pied pour aller à la rencontre des citoyens, loin de sa circonscription béarnaise. Une "randonnée" que Jean Lassalle, un proche de François Bayrou, a entamée dans le Nord de la France pour récolter les requêtes des Français et recueillir des "Cahiers de l’espoir" sur le modèle des Cahiers de doléances de l’Ancien régime.

    Certains, comme le député UMP Philippe Gosselin, imitant la voix rocailleuse de celui qui s’était fait connaitre en entament une grève de la faim au Palais Bourbon, s’enthousiasment pour la démarche :

    Bravo ! Champion !

    Et d’ajouter, fan :

    Ce qu’il fait est franchement remarquable. C’est une trogne, une personnalité atypique très appréciée chez nous (à l’UMP, ndlr).

    Sa démarche, loin de chez lui, c’est assez génial et ça force le respect.

    Si son collègue du groupe UMP, Thierry Solère, reconnait que parfois les parlementaires "se déconnectent de ce que pensent les Français" et qu’il y a, chez Jean Lassalle, "une sincérité au-delà de la com’", il s’interroge sur la pertinence de cette initiative isolée :

    C’est beaucoup de la com’. Il a toujours fait comme ça. C’est sa manière de faire de la politique et de faire parler de lui. Il n’est pas très visible par son activité parlementaire.

    Il est original mais aussi très isolé.

    Inscrit parmi les non-inscrits, Jean Lassalle est soutenu par son voisin d’hémicycle, le souverainiste et ancien candidat à l’Elysée, Nicolas Dupont-Aignan qui assure au Lab que c’est son "député préféré" et que sa démarche est le "cri d’honneur d’un député lucide".

    Parlementaire de longue date, le député UDI et ancien ministre Maurice Leroy"porte un regard positif" sur l'initiative parti à la rencontre des Français sur les routes de l'Hexagone. Pour lui, Jean Lassalle, "c'est un peu le Métèque de Moustaki" du Palais Bourbon :

    Je ne parle pas au nom de l’UDI, évidemment, mais juste en mon nom. Je porte un regard positif sur cette marche, qui ne m’étonne pas de lui. Je le suis sur twitter, j’ouvre tous les jours sa petite carte postale.
    Il me rappelle les parlementaires hauts en couleurs, les Pierre Mazeaud… Il est lui-même, c’est un peu Le Métèque de Moustaki appliqué au Parlement, on manque de tels trublions à l’Assemblée !

    Du côté des élus socialistes et de la majorité, on porte un regard ambivalent sur cette "balade". Si la porte-parole du groupe PS à l’Assemblée, Annick Lepetit se contente de dire qu’il "a toujours eu des idées iconoclastes", le député et maire d’Asnières, Sébastien Pietrasanta est plus emballé :

    C’est plutôt une bonne initiative même si c’est forcément un coup de com’. Mais c’est toujours intéressant qu’un député de la Nation aille au-delà de sa circonscription. Au-delà du coup politique, c’est intéressant d’aller dans les profondeurs de la France.

    L’occasion pour lui, selon l’UMP Thierry Solère, de se rendre compte que la France est diverse.

    Néanmoins, "le député qui marche" ne fait pas l’unanimité. Loin de là. Pour le néodéputé socialiste Alexis Bachelay, ce genre de démarche, dont il doute de la sincérité, se fait au détriment du travail parlementaire

    Et l’élu  des Hauts-de-Seine, qui doute qu’il atteigne son objectif, de s’interroger ouvertement :

    Pourquoi lui ? 

    Pourquoi maintenant ? 

    Pourquoi comme ça ?

    Dénonçant son isolement, et "même si cela part d’un bon sentiment", la marche de Jean Lassalle ne peut, selon lui, pas cacher sa faible activité à l’Assemblée nationale :

    J’ai envie de lui dire qu’il s’interroge sur son investissement de parlementaire. Il est souvent approximatif, n’est pas un très gros bosseur.

    Quand on veut, on a les outils pour travailler et se faire entendre. On peut faire des missions, des propositions de loi, des auditions. Combien de missions a-t-il fait ? De combien de textes a-t-il été le rapporteur ? Combien d’amendements a-t-il déposé ?

    Quand on se lance dans ce type de démarches, il faut se demander si on a fait tout ce qu’on pouvait comme parlementaire.

    Jugement similaire du député EELV François-Michel Lambert qui estime que "l’idée est bonne" mais critique "son côté Don Quichotte solitaire".

    Contrairement à Jean-Luc Mélenchon, qu’il ne porte pas dans son cœur, l’élu écologiste des Bouches-du-Rhône ne pense pas que ce soit un coup de communication.

    "Je n’ai pas la certitude que passer trois ou quatre semaines sur les routes soit utile pour aider les gens", glisse-t-il, sévère et ironique sur son cumul des mandats :

    C’est un bon cumulard. Mais ça ne lui suffit pas puisqu’il abandonne plusieurs semaines sa circonscription.

    A l’instar d’Alexis Bachelay, François-Michel Lambert pointe l’isolement de Jean Lassalle, "alors q’un député doit avoir une démarche collective", et lui lance une invitation, lui qui siège à peine trois rangs en dessous du Béarnais :

    J’invite Jean Lassalle à venir me saluer et me dire qu’on peut faire des choses ensemble. Il peut ensuite étendre sa démarche à l’UDI, à l’UMP, au PS… 

Du rab sur le Lab

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