Christian Estrosi demande l'exclusion de Laurent Wauquiez de LR (sans le nommer)

Publié à 17h29, le 11 octobre 2017 , Modifié à 18h33, le 11 octobre 2017

Christian Estrosi demande l'exclusion de Laurent Wauquiez de LR (sans le nommer)
Christian Estrosi et Laurent Wauquiez © Montage le Lab via AFP

Laurent Wauquiez est le grandissime favori de l'élection à la présidence de Les Républicains, qui aura lieu en décembre. Mais s'il bénéficie d'une cote de popularité sans égale parmi les militants du parti de droite, il n'en va pas de même chez les cadres. Non contents de ne pas vouloir le voir prendre la tête de leur formation, certains aimeraient carrément... qu'il soit mis à la porte.

Christian Estrosi, par exemple, formule cette idée pour le moins provoc' dans un courrier officiel adressé au secrétaire général de LR, Bernard Accoyer, mardi 10 octobre. Mais seulement entre les lignes. Dans cette lettre révélée mercredi par un journaliste de LCI, le maire de Nice écrit d'abord :

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Depuis plusieurs semaines, notre mouvement a pris l'habitude d'inscrire à l'ordre du jour de son bureau politique des procédures d'exclusion, motivées par des accusations de trahison de notre mouvement. Pourtant, aujourd'hui, au sein même de notre parti, certains affichent au grand jour une proximité assumée avec des mouvements proches des idées de l'extrême droite, si éloignés des valeurs fondatrice de notre famille.

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Une référence très claire à la démarche du président de Sens Commun (mouvement issu de La Manif Pour Tous et rattaché à LR), qui tend publiquement la main à Marion Maréchal-Le Pen - dont la proximité avec Sens commun est connue de longue date. Pour Christian Estrosi, l'exclusion de LR de Sens commun, qu'il avait déjà demandée par le passé, ne devrait gêner personne alors que le parti se triture le cerveau depuis des semaines pour savoir comment virer ses membres qui ont rejoint le gouvernement d'Emmanuel Macron ou les Constructifs à l'Assemblée. Laurent Wauquiez, entre autres, plaide pour la plus grande fermeté à leur égard.

Mais Christian Estrosi ne s'arrête pas là et ajoute :

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Dans un esprit de clarification, je veux à mon tour vous demander d'inscrire à l'ordre du jour de notre prochain bureau politique l'exclusion de ceux, en particulier les cadres dirigeants, qui ont entretenu le doute sur leur positionnement vis-à-vis du Front national lors des dernières élections présidentielles [sic] et législatives, et qui continuent d'afficher une collusion malsaine avec ces idées écœurantes et ceux qui les défendent.

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Cette fois, Laurent Wauquiez est nettement visé, lui qui a tout fait, dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, pour que LR n'appelle pas à "voter pour Emmanuel Macron" mais seulement "contre Marine Le Pen". Auprès du Lab, l'entourage de l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy refuse évidemment de confirmer que cette lettre vise le probable futur président du parti mais précise :

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En ce moment, beaucoup d'hommes politiques de droite s'insurgent et rappellent l'existence d'un mur entre le FN et Les Républicains. Ils doivent donc être d'accord pour exclure ceux qui n'ont pas appelé clairement à voter Macron et ont donc laissé planer un doute sur une possible porosité avec le FN, qui ont un peu joué le jeu du FN.

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Mais "vous en tirez les conclusions que vous voulez", ajoute-t-on aussitôt avec malice, soulignant ne pas avoir "cité de noms". Mais c'est tout comme. Souvent accusé de proximité avec l'extrême droite, Laurent Wauquiez répète depuis des semaines qu'il refusera catégoriquement tout rapprochement avec le FN ; le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a aussi suspendu sa participation à l'université de rentrée de Sens commun après cet appel du pied à Marion Maréchal-Le Pen, précisant que ceux qui s'allieraient avec les frontistes "n'auraient plus leur place chez Les Républicains".

Sauf qu'à ce compte-là, Laurent Wauquiez n'est pas le seul à devoir être exclu. Des cadres de premier plan de LR sont aussi concernés, comme le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, le chef de file des députés LR Christian Jacob, ou encore... Bernard Accoyer lui-même. C'est en effet ce dernier qui, le 24 avril, a fait adopter sans vote, par le bureau politique du parti, cette consigne de vote ô combien polémique pour le second tour de la présidentielle.

[EDIT 18h10]

La sénatrice juppéiste Fabienne Keller appuie la démarche de Christian Estrosi :



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