C'EST PAS MOI - Elle aurait pu être en vacances, tranquillement, dans sa chère Guyane. Christiane Taubira se retrouve ce lundi 5 août à Paris, sur le plateau du 20 Heures de France 2, après une visite de crise à Chartres, pour se défendre de tout laxisme et répondre point par point aux reproches de la droite concernant la décision de relâcher trois malfaiteurs condamnés à Dreux (Eure-et-Loir), faute de place en prison.
Dans le détail, voici les trois axes de défense de la ministre de la Justice pour tenter de clôre la polémique du week-end :
>> C'est la loi
"La loi pénitentiaire de 2009 dit très clairement que jusqu'à deux ans d'incarcération, [...] il faut envisager l'aménagement des peines", avance Christiane Taubira en prenant la défense des magistrats :
Je ne porte pas de jugement sur les décisions des magistrats, à fortiori lorsque les magistrats appliquent la loi. Ils ont appliqué la loi.
Dans un communiqué envoyé aux rédactions après sa participation au journal de 20 Heures de France 2, la Chancellerie "souligne l’activité régulière et responsable du Parquet de Chartres dans sa mission de mise à exécution des peines" et écrit :
La Garde des sceaux rappelle que le Procureur est dans son rôle lorsque dans une situation pénitentiaire tendue, il organise dans le temps l’exécution des peines. La ministre exprime sa confiance aux magistrats dans leur mission difficile.
>> Coucou Rachida Dati, coucou MAM
La Garde des Sceaux poursuit, en contre-attaquant aux attaques de la droite :
Que la droite me mette en cause, ce n'est ni surprenant, ni interessant, ce qui est plus grave c'est qu'elle mette en cause l'institution judiciaire, qu'elle poursuive sa politique et ses propos de défiance à l'égard de magistrats qui font leur travail, qui respectent les lois, les lois de l'ancien quinquennat parce que nous n'avons encore modifié aucune loi pénale.
Julian Bugier, présentateur du journal de France 2, lui fait alors remarquer qu'elle a signé une circulaire aux parquets, en septembre 2012, dans laquelle elle demande aux procureurs de tenir compte de la surpopulation carcérale dans l'exécution des peines.
"Ma circulaire de septembre 2012 se réfère strictement aux dispositions de la loi pénitentiaire de 2009", adoptée par la majorité présidentielle de Nicolas Sarkozy, répond Christiane Taubira. Une année où Rachida Dati puis Michèle Alliot-Marie furent ministres de la Justice.
Et la ministre d'en conclure que l'opposition n'a "pas de légitimité pour s'exprimer, parce qu'aujourd'hui nous avons 56% de récidive depuis 2007 malgré les 30 lois pénales (votées par la droite) et 64% de récidive sur les peines de moins de six mois".
>> C'est temporaire
Les trois hommes concernés iront en prison, mais plus tard, explique enfin la ministre de la Justice :
Il s'agit simplement d'avoir différé l'exécution de trois décisions d'incarcération de trois mois et de deux mois, différer à Chartres. Cela veut dire de deux à quatre semaines de report.
"Le parquet n'a pas annulé, il a différé de deux à quatre semaines la mise sous écrou", martèle-t-elle.