Christiane Taubira assume, Manuel Valls garde ses distances. Après la décision du parquet de Chartres de libérer trois délinquants faute de place en prison, la Garde des Sceaux s'est rendu sur le plateau du JT de France 2 le 5 août pour expliquer que les magistrats avaient "appliqué la loi" et que ces peines n'étaient que "différées" de quelques semaines. Mais son collègue de l'Intérieur ne change pas de position. Dans une interview à Nice Matin ce 6 août, Manuel Valls redit son "inquiétude".
Si le ministre y met les rondeurs - "je regrette les polémiques inutiles" - il ne se montre pas aussi conciliant avec le parquet de Chartres :
J'ai déjà dit ma surprise et mon inquiétude parce que j'ai un seul souci, celui du respect des missions des policiers et de leur cohérence avec celles des magistrats. (...)
Moi je suis pour une exécution ferme des peines de prison, même les plus courtes.
Le 3 août, à chaud, Manuel Valls parlait déjà d'une "décision très étonnante" allant "à l’encontre de la stratégie décidée conjointement par la Chancellerie et l’Intérieur".
De son côté, Christiane Taubira a demandé au parquet général de la cour de Versailles de lui rendre compte des conditions dans lesquelles les magistrats de Chartres ont abouti à cette décision. Lundi soir, sur France 2, elle a néanmoins refusé de la mettre en doute :
Je ne porte pas de jugement sur les décisions des magistrats, à fortiori lorsque les magistrats appliquent la loi. Ils ont appliqué la loi.
La ministre a rappelé que le parquet avait agi en vertu de la loi pénitentiaire de 2009, adoptée par la majorité précédente, et qui permet l'aménagement des peines inférieures à deux ans d'incarcération. Surtout, elle a insisté sur le fait que des suites judiciaires étaient bien prévues pour ces trois délinquants, leur peine de prison n'ayant pas été annulée mais "différée" :
Le parquet n'a pas annulé, il a différé de deux à quatre semaines la mise sous écrou.
Dans une "situation pénitentiaire tendue", la justice "organise dans le temps l'exécution des peines", a-t-elle ajouté.
Suite aux accusations de laxisme de l'opposition, Christiane Taubira a par ailleurs affirmé que 99% des peines prononcées avaient été effectuées en 2012. L'ex-ministre de la Justice, Rachida Dati, avait assuré quelques heures plus tôt que des libérations comme celles de Chartres se passaient "tous les jours" depuis l'arrivée de Christiane Taubira.