Clash Morin/Cohen : chacun cherche son cheikh

Publié à 15h00, le 28 novembre 2011 , Modifié à 19h39, le 28 novembre 2011

Clash Morin/Cohen : chacun cherche son cheikh
Literato à Deauville en 2007. (MaxPPP)

Lundi matin, l'ex-ministre de la Défense, Hervé Morin, est l'invité de la matinale de France Inter. L'échange se tend considérablement quand le journaliste l'interroge sur la vente de Literato, un cheval de course, à l'émir de Dubaï et Premier ministre des Emirats Arabes Unis. "Vous dites n'importe quoi" a rétorqué Hervé Morin. "Vous confondez Abou Dabi et Dubaï", a répondu Patrick Cohen. Qui se trompe ? Le Lab mène (avec vous) l'enquête. 

  1. Le clash Morin/Cohen

    Sur Jeanmarcmorandini.com

    Hervé Morin était lundi matin l'invité de France Inter. Patrick Cohen lui a demandé: "Comment vous avez pu concilier votre haute fonction d'Etat, celle de Ministre de la défense, et vos activités d'éleveur de chevaux, et propriétaire de haras, et comment avez-vous pu en 2007 vendre pour plusieurs millions d'euros un cheval de course à l'émir de Dubaï, le cheick Al-Maktoom qui était et est toujours le Ministre de la Défense des Emirats Arabes Unis, et avec qui vous aviez par ailleurs des discussions officielles?".

    Hervé Morin a affirmé n'avoir jamais rencontré l'émir de Dubaï, à qui il a vendu Literato. Il a poursuivi en expliquant au journaliste qu'il devait "confondre le cheikh Mohamed (ben Zayed, prince héritier d'Abou-Dhabi)" qui "gère les questions de défense pour les Emirats arabes unis", et cheikh Mohammad ben Rached al-Maktoum, émir de Dubaï, "qui n'a absolument aucune fonction et aucune responsabilité sur ce sujet" et "est le plus grand propriétaire de chevaux au monde". 

  2. Tout commence par une histoire de cheval

    Sur Godolphin

    Literato, cheval prodige qui enchaîne les victoires, a été vendu en décembre 2007 à Mohammed ben Rachid Al Maktoum plusieurs dizaines de millions d'euros. Mohammend ben Rachid Al Maktoum est émir de Dubaï, mais pas seulement. Il est aussi Vice-président, Premier ministre et ministre de la Défense des Emirats Arabes Unis.  Il possède également l'écurie Godolphin, une des plus prestigieuses au monde. 

    Un article du Monde (aujourd'hui payant, vous trouverez ici un résumé gratuit) relate la transaction. Interviewé dans l'article, le ministre de la Défense d'alors confirme la vente. 

  3. Hervé Morin a bien rencontré le cheikh Al-Maktoum

    Sur Ambassade de France EAU

    "Je n'ai jamais rencontré l'émir de Dubaï" a affirmé Hervé Morin à l'antenne de France Inter. Pourtant, à en croire les informations publiées sur le site de l'ambassade de France aux Emirats Arabes Unis, Hervé Morin ne dit pas la vérité.

    En fin de journée lundi soir, l'ex-ministre de la Défense reconnaissait même l'avoir recontré à trois reprises "après cette vente". Or, selon nos informations il a notamment rencontré l'émir de Dubaï quelques semaines avant de lui vendre Literato.

    EXTRAIT 

    27-29 octobre 2007 - tournée au Moyen-Orient (Arabie saoudite, Emirats arabes unis) du ministre français de la Défense, Hervé Morin. Aux Emirats arabes unis, entretiens avec le prince héritier et vice-commandant suprême des forces armées, cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nahyan, le chef d’état-major des armées, Ahmad Thani Al Rumaithi et l’émir de Dubaï, cheikh Mohammed Ben Rached Al-Maktoum.

    Le collectif Humour de droite a également publié une série de photos d'une rencontre en mai 2008 entre l'émir de Dubaï et Nicolas Sarozy où apparait, en second plan, Hervé Morin.

  4. Patrick Cohen se trompe de cheikh

    Pour se défendre de tout soupçon de conflit d'intérêt, Hervé Morin affirme que ce n'est pas l'émir de Dubaï qui gère les questions de Défense aux Emirats Arabes Unis mais l'émir d'Abou Dabi. La vente du cheval n'aurait donc pas interféré avec ses fonctions de ministre de la Défense. Or, les deux émirs sont qualifiés -sur le papier- pour s'en occuper. Dans les faits, l'émir d'Abou Dabi tient les reines. 

    Hervé Morin sur France Inter : "Vous confondez le cheikh Mohamed (ben Zayed, prince héritier d'Abou-Dhabi)" qui "gère les questions de défense pour les Emirats arabes unis", et cheikh Mohammad ben Rached al-Maktoum, émir de Dubaï, "qui n'a absolument aucune fonction et aucune responsabilité sur ce sujet" et "est le plus grand propriétaire de chevaux au monde".

    Verdict : L'émir de Dubaï "n'a aucune responsablité" dans les faits mais pas sur le papier. Il est le vice-président, le Premier ministre et le ministre de la Défense des Emirats Arabes Unis. D'où l'erreur de Patrick Cohen : il ne savait pas que ministre de la Défense des Emirats Arabes Unis est un titre quasi-honorifique. Le journaliste a reconnu son erreur mardi matin à l'antenne. 

    Mohammed ben Zayed Al Nahyan, l'émir d'Abou Dabi, est lui le chef suprême adjoint de l'armée des Emirats Arabes Unis. L'émir d'Abou Dabi est celui qui détient réellement la Défense entre ses mains, lui qui peut acheter des armes à la France ou négocier des accords militaires. 

  5. Cet article se construit avec vous !

    Vous avez vu un article, une video, un tweet sur la vente de Literato à l'émir de Dubaï ? Collez le lien dans les commentaires, nous l'ajouterons à notre sélection. 

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