Depuis 1946, la France partage avec les Etats-Unis, la Chine, la Russie et la Grande-Bretagne le privilège d'un siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU et le droit de veto qui va avec.
Or, nouvelle polémique à la lecture du pacte PS-verts, Eva Joly et les siens souhaitent supprimer ce droit de veto et créer un siège européen qui remplacerait de facto le siège français.
Depuis une semaine, le centre et les souverainistes s'insurgent, la droite tape et, après la polémique du Mox, François Hollande prend à nouveau ses distances avec un passage de son accord avec les écologistes.
Le Lab a pourtant trouvé de bonnes raisons à ce projet et vous les présente.
Un "privilège dépassé" et "anachronique" pour les écolos
Sur bfmtv.com
Répondant par un communiqué, vendredi 25 novembre, à une critique de François Bayrou, la candidate des écologistes à la présidentielle a défendu ce projet de siège européen au conseil de sécurité et de suppression du droit de veto.
EXTRAIT du communiqué d'Eva Joly
M. Bayrou a fait preuve d'une grande légèreté et d'une nostalgie malvenue plutôt que d'une vision d'avenir en parlant d'un droit de veto mythifié qui serait le dernier outil d'influence de la France (...) Le monde de 2011 n'est plus celui de 1945. Le droit de veto est un privilège dépassé réservé à quelques pays.
C'est notamment à cause de lui, aujourd'hui, que la communauté internationale reste paralysée alors que (le président syrien) Bachar el-Assad continue de massacrer son peuple.
Cécile Duflot, la porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts, est allée va dans le même sens .
Depuis 1946, le monde a changé et le système du droit de véto a empêché l'ONU d'être utile sur un certain nombre de dossier.
[DOCUMENT] L'accord EELV-PS du 15 novembre 2011
EXTRAIT (page 8)
La France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global : siège européen, suppression du droit de véto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de Sécurité, renforcement du rôle des ONG.
La droite attaque, Hollande prend ses distances
Sur lejdd.fr
- Lundi matin, François Hollande a très clairement fermé la porte à une remise en cause du droit de veto français à l'ONU.
EXTRAIT de son interview sur sur BFMTV (vidéo ci-dessus)
Je suis candidat à la présidence de la République. C'est vrai que les Nations Unies doivent évoluer [...] mais il n'y aura pas de remise en cause unilatérale du droit de veto.
Un déluge de critiques, de Chevènement à Guéant
- Le premier à avoir levé le lièvre est Jean-Pierre Chevènement par un communiqué à l'AFP exprimant de "très fortes inquiétudes" le 19 novembre 2011.
- Mercredi 23 novembre, Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, a accusé François Hollande d'"organiser l'abaissement de la France" dans les instances internationales".
- Le lendemain, le candidat du Modem invité de TF1, a dénoncé un engagement écrit d'une "incroyable légèreté".
EXTRAIT de l'interview de François Bayrou sur TF1 (vidéo ci-dessus)
Une ligne n'a été repérée par personne. Cet accord prévoit la suppression du droit de véto au Conseil de sécurité des Nations Unies. C'est-à-dire que la seule arme qui permette à la France d'être encore au rang des puissances majeures, cette arme-là, on la supprime.
- Le député UMP de la Droite populaire, Jacques Myard, a accusé Cécile Duflot de vouloir "sortir de l'Histoire" n'hésitant pas à utiliser le terme historiquement lourd "anti-France".
Les alliés de M. Hollande font ainsi une nouvelle fois preuve de l’utopie la plus irresponsable. Ils se rangent désormais dans la catégorie des anti-France, ils ne connaissent à l’évidence ni la paralysie européenne, ni la puissance française qu’ils méprisent autant que les intérêts nationaux.
CI-DESSOUS LES QUATRE RAISONS POUR LA FRANCE DE LAISSER SON SIÈGE
La France n'utilise (quasiment) pas son droit de veto
Sur un.org
- La France n'a pas utilisé son droit de veto depuis 22 ans. Le 22 décembre 1989, elle empêche avec les Etats-Unis et la France, l'invasion du Panama.
- En 65 ans, Paris seul n'a posé son veto qu'une seule fois. C'était en 1976 pour s'opposer à une résolution sur la situation aux Comores.
- La France a posé son veto quatorze autres fois, mais en compagnie d'autres pays. Jamais avec la Chine ou l'URSS (puis la Fédération de Russie), mais toujours avec la Grande-Bretagne (ou les États-Unis).
La France n'a jamais déposé de veto contre la guerre en Irak
Invité de TF1, jeudi 24 novembre, François Bayrou s'est un peu emporté dans son argumentation contre la suppression du droit de veto.
EXTRAIT
C'est à dire que la France n'aurait pas pu s'opposer à la guerre d'Irak lorsque les Etats-Unis voulaient que ce soit la guerre des Nations-Unies.
Mais contrairement à une idée reçue et à l'affirmation du candidat du Modem, la France n'a jamais déposé de veto à l'ONU sur la guerre en Irak.
Les envolées lyriques du discours de Dominique de Villepin (vidéo ci-dessus) le 14 fevrier 2003 présenent d'un mois l'intervention télévisée de Jacques Chirac, alors Président, confirmant qu'il n'hésitera pas à utiliser le droit de veto.
EXTRAIT (vers 15 minutes) de la vidéo ci-dessus
La France n'acceptera pas. [...] S'il y avait une majorité de neuf voix ou plus sur la nouvelle résolution qui autoriserait la guerre, à ce moment là, la France votera non.
Cette menace de veto français pour empêcher une nouvelle résolution après le vote à l'unanimité de la résolution 1441 n'empechera pas les Etats-Unis de partir en guerre contre l'Irak. Mais les américains ont renoncé à faire passer une résolution à l'ONU.
A lire aussi, sur le site de L'Expres, la chronologie de la guerre en Irak et ses préparatifs.
La grande injustice de l'absence allemande
Sur lemonde.fr
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il était inenvisageable pour les vainqueurs d'inviter les héritiers de l'Allemagne nazie à la table du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'Allemagne de l'Est et de l'Ouest n'ont été admises à l'ONU, en pleine Guerre froide, qu'en 1973, mais l'Allemagne n'est toujours pas membre permanent du Conseil de Sécurité. Elle en est aujourd'hui membre non permanent.
Alors qu'elle peut se targuer d'avoir 16 millions d'habitants en plus que la France, 19 de plus qu'au Royaume-Uni, alors qu'elle est la première puissance européenne et la troisième mondiale, comment justifier aujourd'hui qu'elle n'ait pas son siège aux cotés de la France et la Grande-Bretagne ?
L'Europe est prête à siéger
Sur lemonde.fr
On ne peut pas passer son temps à demander que l'Europe parle enfin d'une seule voix et s'opposer à ce que l'UE ait un siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU.
L'article 18 du traité de Lisbonne a créé en 2007 un poste de "Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité".
Il est occupé depuis 2009 par la très discrète britannique Catherine Ashton, à la tête du service européen d'action extérieure.
On lui reproche régulièrement de ne servir à rien. Pourquoi n'irait-elle pas siéger à l'ONU ?
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