Désormais challenger pour rattraper son retard par rapport à François Fillon, Alain Juppé distribue les coups envers son adversaire du second tour de la primaire. IVG, soutien de l'extrême droite, programme flou ou inapplicable… Le maire LR de Bordeaux attaque sur tous les fronts. Et tente de convaincre des électorats qui n’avaient pas forcément voté pour lui au premier tour, comme l’électorat catholique en mettant en avant sa propre religion.
À trois reprises ces trois derniers jours, l’ancien Premier ministre a souligné qu’il était "catholique". Il l’a fait mercredi 23 novembre sur RTL, à propos du droit à l’avortement :
"Je voudrais aussi me réjouir de l’évolution, moi qui suis catholique, de l’Église catholique sur ce point du Pape François qui invite les prêtres à pardonner ce qui était encore il y a peu impardonnable. Vous voyez que l’Église progresse.
"
Dans L’Express de ce mercredi, Alain Juppé répète qu’il est bien "catholique", pour faire taire les rumeurs relayées sur des sites d’extrême droite selon lesquels il se serait converti à l’islam :
"Je suis catholique, je suis baptisé, je m’appelle Alain Marie, je n’ai pas changé de religion et je comprends parfaitement le point de vue de mes coreligionnaires catholiques. Certains sont plus intégristes, moi, je me reconnais davantage dans la vision du pape François.
"
Lundi soir sur France 2 , le candidat à la primaire s’adressait à ces mêmes "coreligionnaires catholiques" et affichait sa proximité avec le pape François, cette fois pour souligner la vision "extrêmement traditionaliste, pour ne pas dire un petit peu rétrograde sur le rôle des femmes, sur la famille, sur le mariage [...]" de son adversaire :
"Je dis à mes coreligionnaires catholiques que moi, je suis plus proche de la parole du Pape François que de la Manif pour tous !
"
Une Manif pour tous qu’il a pourtant rencontré à deux reprises pendant la campagne, a balancé mardi Ludovine de la Rochère. La présidente du mouvement s’est étonnée auprès de l’AFP du "double discours" d'Alain Juppé, qui s'est fortement distancié lundi de son mouvement alors qu'il s'était montré à son "écoute" durant la campagne de la primaire de la droite. "Est-il purement électoraliste ?", s'est-elle interrogée, dénonçant "cette manière de faire, de procéder, cet apparent revirement" et demandant au candidat de "clarifier les choses".
"Clarifier"… n’était-ce pas justement ce que demandait Alain Juppé à François Fillon à propos de l’IVG ?
François Fillon, lui, a récusé cette proximité avec le pape, ce mercredi sur Europe 1 : "J'ai entendu Alain Juppé se réclamer du pape alors qu'il défend manifestement des positions qui sont assez éloignées des siennes. Il faut pas mettre le pape au milieu du débat politique."
*Fort heureusement*, ce n'est pas lui qui disait lundi sur TF1 que le pape disait "la même chose" que lui ...