Quel est le rapport entre l’instauration de funérailles républicaines gratuites pour les citoyens laïques et la nécessité de prévenir les excès terroristes ? Aucun, a priori. Jacques Bompard en a trouvé un. Le 17 novembre, le député d’extrême droite a déposé un amendement à la proposition de loi des députés socialistes sur les "funérailles républicaines" qui s’énonce comme suit :
"La République française demande pardon aux rois de France et aux Français pour le saccage de leurs sépultures lors de la profanation des tombes de l’abbaye de Saint-Denis en 1793 et 1794.
"
Cet habitué des amendements plutôt improbables (faire écouter le cœur du fœtus aux femmes avant une IVG , bloquer les sites pornos …) se réfère à une "page sombre dans l’Histoire de France" : "le saccage de la nécropole des rois de France". L’élu du Vaucluse raconte brièvement :
"Une population échauffée par la manipulation et les terreurs instillées par la révolution française s’adonna à une profanation qui marque encore une sombre division du peuple de notre pays.
"
C’est donc dans l’idée de réconcilier le peuple français que Jacques Bompard dépose cet amendement. "Alors que l’idéologie républicaine supplante aujourd’hui le simple respect de la forme des institutions, ce rappel historique est crucial pour prévenir les excès terroristes qui marquèrent les années révolutionnaires", poursuit-il.
La députée socialiste Colette Capdevielle, signataire de cette proposition de loi, a dénoncé un "amendement dingo". Sur Twitter, l’historienne Mathilde Larrere a expliqué "pour la gouverne du dingo" que :
- La basilique a été réhabilitée en 1816
- Les corps ramenés en 1817
- Il y a eu plein de cérémonies expiatoires
L'amendement dingo du jour déposé par #Bompard lors d'une PPL sur les funérailles républicaines #directANpic.twitter.com/T8arUbS2gy
— Colette Capdevielle (@c_capdevielle) November 22, 2016
Bon pour la gouverne du dingo
— mathilde larrere (@LarrereMathilde) November 22, 2016
la basilique a été réhabilité en 1816
Les corps ramenée en 1817
y'a eu pleins de cérémonies expiatoires
La proposition de loi des socialistes, portée par Bruno Le Roux et qui date de 2014, prévoit que "chaque commune, dès lors qu’elle dispose d’une salle municipale adaptée, met celle‑ci gratuitement à disposition des familles qui le demandent et garantit ainsi l’organisation de funérailles républicaines qui leur permettront de se recueillir". Dans l’exposé des motifs , le patron des députés PS constate que "les citoyens qui ne se réclament d’aucune religion se trouvent démunis et attendent de notre République qu’elle leur offre des perspectives pour accompagner leurs morts". "La République française se doit de prendre en charge, comme elle le fait pour les naissances, les mariages, voire même les parrainages civils, un rite propre pour commémorer la mort de ses citoyens", estime-t-il.
Cette proposition de loi sera débattue à l’Assemblée en première séance mercredi 30 novembre.