Comment le FN a modifié son discours sur les statistiques ethniques pour défendre Robert Ménard

Publié à 15h37, le 06 mai 2015 , Modifié à 15h48, le 06 mai 2015

Comment le FN a modifié son discours sur les statistiques ethniques pour défendre Robert Ménard
© images AFP

Il y a les discours, et puis la confrontation aux cas pratiques. L'outing de Robert Ménard concernant les enfants de Béziers et ses statistiques confessionnelles a de quoi embarrasser le parti qui l'a fait élire en 2014. Car, si Robert Ménard veut classer les gens en fonction de leurs origines ou de leurs religions, le FN, lui, est supposé être frontalement opposé à toute statistique ethnique. Pour défendre un maire de leur camp, les représentants du FN ont donc su rapidement faire quelques compromis avec leurs principes.

Invité de LCI le 5 mai, Florian Philippot considère ainsi que cette façon de faire n'a rien de "scandaleux" et qu'il s'agit sans doute de "lutter contre le communautarisme" :

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Sur ce qu'il a fait qui n'est pas une opération de fichage mais simplement de regarder, pour des raisons de lutte contre le communautarisme j'imagine, des prénoms, ce qui n'est pas non plus un scandale, je vois pas pourquoi ça serait scandaleux.

 

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La Marine Le Pen de 2007 ne risque pas d'être en accord avec son lieutenant. En avril 2007, comme l'a retrouvé Libé Desintox sur son compte Twitter, celle qui fait alors la campagne de son père fustige Nicolas Sarkozy qui "renvoie chaque Français à ses origines" et qui fait "le choix du communautarisme" :

 

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Cette manière de renvoyer chaque Français à ses origines, c’est exactement le choix du communautarisme contre le choix de l’unité de la République qui est le nôtre, et qui consiste à ne pas faire de différence entre les Français quelles que soient leur race, leur religion, leurs origines, leurs options philosophiques.

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Renvoyer chaque Français à "sa religion" ou "son origine", voilà une bien belle description de la démarche de Robert Ménard à Béziers. Si on comprend bien Marine Le Pen, il ne s'agirait donc pas là de "lutte contre le communautarisme" - comme le défend Florian Philippot - mais d'encouragement du communautarisme. On s'y perd.

Et une fois devenue présidente du parti, Marine Le Pen est loin d'avoir changé d'avis. Le 8 février dernier dans le Grand Jury RTL - LCI - Le Figaro , la voilà qui affirme bien clairement et à deux reprises (dans une vidéo encore une fois repérée par Libé Desintox ) :

 

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Je suis tout à fait contre les statistiques ethniques. (...) Moi je suis contre les statistiques ethniques car je pense que c’est contraire aux valeurs de la République française. Je voudrais savoir quels sont les chiffres de l’immigration et deuxièmement j’aimerais savoir le nombre de doubles nationaux, parce que ça, ça n’a pas de caractère racial, ce qui est le cas des statistiques ethniques, mais ça permet quand même d’avoir une vision très précise.

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Sans doute consciente que l'initiative de Robert Ménard ne colle pas franchement avec ses principes, Marine Le Pen ne s'est pas exprimée sur cette question depuis le début de la polémique, laissant ses troupes défendre le maire de Béziers et faire quelques entorses à son "choix de l'unité de la République".

Du rab sur le Lab

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