Comment le gouvernement tente d'apaiser les entrepreneurs "pigeons"

Publié à 09h47, le 04 octobre 2012 , Modifié à 09h58, le 04 octobre 2012

Comment le gouvernement tente d'apaiser les entrepreneurs "pigeons"
Fleur Pellerin et Pierre Moscovici face à la fronde du mouvement des "pigeons" (montage via Maxppp et capture d'écran du groupe facebook)

"Les pigeons doivent retrouver leur nid". Face à la fronde des entrepreneurs - lancée sur Internet par le mouvement des "pigeons" ou #geonpi - l'Elysée cherche des solutions pour rassurer les protestataires tout en dénonçant une manoeuvre politique. Un difficile équilibre pour ne pas donner l'impression de reculer.

Que s'est-il passé ? Le projet de loi de finances 2013 prévoit un changement de régime pour les entrepreneurs : la taxation des plus-values pourra être deux fois supérieure au système actuel. [Lire à ce sujet cet article des Echos]

La colère est montée chez les entrepreneurs concernés, au point de devenir un mouvement sur Internet, celui des "pigeons" ou #geonpi sur twitter.

Une colère telle que le gouvernement a dû réagir. "On ne veut pas donner l'impression qu'on veut punir les pigeons", résume-t-on ainsi au sommet de l'Etat. Mais comment reculer sans donner l'impression de reculer ?

Fleur Pellerin, la ministre déléguée chargées des PME, a lancé l'offensive le 3 octobre dans une tribune sur Libération.fr. Dans son entourage, on résume ainsi au Lab sa stratégie : dénoncer une manipulation politique des "pigeons" ... tout en rassurant sur des peurs bien réelles.

La ministre écrit ainsi dans Libération :

Disons-le d’emblée : le mouvement des "Pigeons", qui a, parmi ses relais les plus bruyants, des entrepreneurs proches de la majorité sortante, repose sur des ressorts plus politiques qu’économiques.

En agitant des informations partielles, tronquées voire complètement fausses, les "Pigeons" induisent en erreur les Français et contribuent à créer ce climat anxiogène qu’ils se plaisent pourtant à dénoncer.

 Après cette dénonciation politique, elle poursuit :

Néanmoins, oui, j’entends l’inquiétude que manifestent les entrepreneurs et qui se cristallise sur la question des plus-values de cession.

Et se lance dans une série de précisions techniques visant à rassurer les entrepreneurs. Ce 4 octobre, sur RMC, la ministre est allée plus loin en répondant aux demandes des " pigeons". Elle promet "d'ajuster" la fiscalité pour les créateurs d'entreprise :

Aujourd'hui, le taux maximum (sur les plus-values de cessions de titres, ndlr), c'est 58%, et avec les discussions que nous allons avoir, nous allons ajuster pour faire en sorte qu'il n'y ait pas quelque chose de très pénalisant pour la création d'entreprise et l'innovation.

Le dossier est même remonté directement au ministère de l'Economie et des Finances de Pierre Moscovici, alors que le ministre de tutelle de Fleur Pellerin est celui du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Invité de France Inter, Pierre Moscovici s'est également dit prêt à faire des concessions :

S'il y a des mesures qui choquent ou sont de nature à dissuader l'investissement de ces jeunes entreprises innovantes, il faudra y revenir.

Ces modifications pourront prendre la forme d'amendements au projet de loi de finances qui sera débattu à partir du  15 octobre à l'Assemblée.

"Pigeons" et ministres doivent se rencontrer ce 4 octobre à 16 heures pour discuter fiscalité.

> Pour comprendre les ajustements imaginés par l'Elysée, lire cet article des Echos.

> Sur Le Lab : Budget 2013, le gouvernement sacrifie les autoentrepreneurs

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