Commission d’enquête Cahuzac : une réunion dans le bureau de Hollande, le 15 décembre

Publié à 08h44, le 18 juin 2013 , Modifié à 15h04, le 18 juin 2013

Commission d’enquête Cahuzac : une réunion dans le bureau de Hollande, le 15 décembre
Photo Paul Larrouturou.

#DirectAN – Qui savait ? Ou ne savait pas ? Telles sont les questions que se posent les députés dans le cadre de la commission d’enquête"relative aux éventuels dysfonctionnements dans l'action du Gouvernement et des services de l'Etat dans la gestion d'une affaire qui a conduit à la démission d'un membre du Gouvernement".

Après l’audition de Michel Gonelle, avocat et ancien maire RPR de Villeneuve-sur-Lot, après celle de membres des cabinets de Pierre Moscovici, c’est au tour de l’Elysée de passer au crible des questions des députés.

Ce mardi 18 juin, Alain Zabulon, directeur de cabinet adjoint de François Hollande, a répondu aux questions des membres de la commission. C’est lui qui "a eu contact" avec Michel Gonelle lorsque ce dernier a, selon lui, alerté l’Elysée sur l'enregistrement audio qu'il détenait. A noter également que, préfet hors cadre, Alain Zabulon sera nommé prochainement coordinateur national du renseignement à l'Élysée.

Pour cette audition, le Lab est présent à l'Assemblée nationale.

En résumé :

Le directeur de cabinet adjoint de l'Elysée jure sous serment n'avoir eu qu'un seul contact avec Michel Gonelle sur cette affaire, le 15 décembre, lors d'un entretien téléphonique d'une vingtaine de minutes.  Il en a rendu compte le jour même à François Hollande, dans son bureau, à l'Elysée. Et a également prévenu Jérôme Cahuzac, avec le feu vert du Président de la République.

En détails:

 

#Le coup de fil Gonelle/Zabulon

Michel Gonelle l’a annoncé : il a prévenu l’Elysée dès le 15 décembre. Son interlocuteur au cabinet de la présidence est Alain Zabulon. Interrogé par les députés, ce membre du cabinet de François Hollande raconte "son degré de connaissance de cette affaire" et comment l’information de Michel Gonelle a circulé à l’Elysée :

Le matin du samedi 15 décembre, je suis a mon domicile, on m'appelle en me disant que quelqu'un qui dit bien me connaître cherche à me joindre via le standard de l'Elysee. Gonelle demande à me voir. Je n'ai pas le temps. Je donne alors la dernière main aux préparatifs de l'arbre de Noël. Un moment important de la présidence.

Je lui dis que je peux prendre 10 minutes au téléphone avec lui. Il me dit qu'il a l'enregistrement. Et qu'il a une lettre. Il me demande conseils et instructions. Je ne prends pas position sur le coup. Je me pose quelques questions.

Je prends ma voiture. Je vais voir le secrétaire général de la présidence. Il me dit "je te propose que nous allions voir le président". Nous rentrons dans le bureau du président et je rends compte de mon entretien. Le président de la République est très attentif, demande ce que j'en pense.

A la fin il me dit: "si vous avez un nouveau contact avec Mr Gonelle, dites lui que ces informations doivent être sans délai apportées à la connaissance de la justice.

Samedi 15 décembre, je passe également un coup de fil à Cahuzac. Je l'appelle. Je le sens un peu tendu, il était assez pressé, l'entretien est assez bref, il prend acte, m'en remercie et ne fait pas de commentaire particulier. Il n'avait pas l'air plus surpris que ça.

Lundi 17 décembre. Gonelle tente de me rappeler. Je loupe son appel car je suis en communication. Il ne me rappellera jamais. Je ne le rappelle pas non plus.

Alain Zabulon rapporte donc que François Hollande a transmis comme message pour Michel Gonelle qu'il saisisse la justice.

#Zabulon et "la crédibilité" de Michel Gonelle

Pour prouver sa bonne foi et qui a appelé qui, entre lui et Michel Gonelle, Alain Zabulon a apporté une photocopie de la page du cahier d'appel de l'Elysée pour l'appel manqué de Gonelle du 17 décembre. 

 

  

#La réaction de Hollande

Comment Mediapart a eu connaissance de l'échange entre Zabulon et Gonelle, s'interroge le conseiller de François Hollande qui rapporte la réaction du président de la République qui, après avoir demandé à ce que Michel Gonelle saisisse la justice, ne "voit pas l'intérêt" de rappeler le détenteur de l'enregistrement.

Et Zabulon d'insister : "je ne suis pas chargé de suivre l'affaire Cahuzac. Je n'ai pas contacté le cabinet de Jérôme Cahuzac ou de Pierre Moscovici".

#Les motivations de Gonelle

Comment Alain Zabulon juge-t-il l'initiative de Michel Gonelle? Moment psychanalyse :

#L'Elysée et la justice

Pourquoi l'Elysée n'a pas saisi la justice dès lors que la présidence a été avertie de l'enregistrement ? Ce n'était pas son rôle, mais celui de Michel Gonelle, explique Alain Zabulon.

#Zabulon et Cahuzac 

Ancien préfet de Villeneuve-sur-Lot, le fief de Jérôme Cahuzac, Alain Zabulon explique n'avoir jamais entendu parler de rumeurs concernant l'ancien ministre du Budget et qualifie la relation, à l'époque, entre Gonelle et Cahuzac, de "courtoisie républicaine".

Sébastien Tronche et Paul Larrouturou

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