Coup d'Etat en Egypte : le mot que ne veulent pas prononcer Laurent Fabius et Harlem Désir

Publié à 15h08, le 16 août 2013 , Modifié à 15h12, le 16 août 2013

Coup d'Etat en Egypte : le mot que ne veulent pas prononcer Laurent Fabius et Harlem Désir
(iTélé - RTL)

Coup d'Etat. C'est le mot qu'il ne faut surtout pas prononcer. Ni Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, ni Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, ne souhaitent qualifier de coup d'Etat la destitution du président Mohamed Morsi par les forces militaires en Egypte le 3 juillet dernier.

Ils le rappellent tous les deux ce vendredi 16 août respectivement sur RTL et iTélé, alors que des violences ont fait la veille plus de 500 morts au Caire.

Impossible d'utiliser ce qualificatif pour le patron de la diplomatie française, car cela aurait des conséquences importantes au niveau des aides apportées par la France à l'Egypte : 

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Il y a une conséquence immédiate si l’on qualifie le processus de coup d’Etat. 

Du coup, un certain nombre de pays, c’est vrai pour les Etats-Unis et dans une autre mesure pour l’Europe, ne peuvent plus apporter d’appui économique au peuple égyptien. Et donc, c’est une des raisons pour laquelle ce vocable n’est pas utilisé.

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Quand on lui parle de coup d'Etat, Harlem Désir préfère parler d'une "violence qui se déchaîne de façon insupportable." Et il a trouvé une alternative sémantique : "le coup de force des militaires"; rappelant la difficulté à parler de "coup d'Etat" stricto sensu. 

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Il y a eu un coup de force des militaires. Vous savez que les diplomaties ne peuvent pas parler de coup d'Etat … mais c'est la réalité, même s'il y avait un mouvement de rejet des islamistes aussi qui eux-même étaient en train de faire main basse sur l'Etat.

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Concrètement, pourquoi ne pas parler de coup d'Etat ? Parce que cela pourrait engendrer une suspension des aides économiques apportées au pays. C'était le cas avec le Mali , en mars 2012, après le putsch. L'Union européenne et la France avaient décidé de suspendre toute aide économique apportée au pays. Une contribution qui a depuis redémarré. 

Du côté américain, Barack Obama est également bloqué sur ce vocable. Si Washington devait parler de "coup d’État", la loi leur imposerait de supprimer toute aide économique au pays. Une loi de 1961 sur l'aide financière étrangère explique clairement qu'"aucune aide ne peut être envoyée à un pays dont l'autorité a été renversée par un coup d’État militaire ou un décret".

Du rab sur le Lab

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