Le site d'information sur l'avortement du gouvernement est en ligne. Ce 27 septembre, le site ivg.gouv.org promis par Najat Vallaud-Belkacem a vu le jour, chose encore impossible douze ans plus tôt puisque faire de l'information active sur l'avortement est resté interdit jusqu'en 2001. Encore aujourd'hui, l'idée de dédier un site à l'avortement en rebute certains, jusque dans les ministères en charge du projet.
[>> lire notre article sur les raisons d'être de ce site officiel]
Hébergé par le site du ministère de la Santé, ivg.gouv.org est le fruit de la réflexion de Marisol Touraine et Najat Vallaud-Belkacem, débutée en avril. Les deux ministres signent d'ailleurs ce vendredi un communiqué commun pour lancer leur projet. C'est Najat Vallaud-Belkacem qui s'est chargée de la présentation à la presse ce 27 septembre au matin, dans les locaux du Planning familial à Paris.
La Santé n'a pourtant pas dit "oui" immédiatement à toutes les idées du ministère des Droits des femmes. Selon les informations du Lab, le 12 septembre, lors de l'assemblée plénière du Haut conseil à l'égalité femme-homme, alors que Najat Vallaud-Belkacem s'apprête à annoncer la naissance prochaine du site, la représentante du ministère de la Santé est la seule à voter contre sa création.
Le Haut conseil a en effet dressé une liste de 4 recommandations et les a soumis au vote de ses membres. La première est la création d'un site internet institutionnel d'informations sur l'avortement. Mais sur la trentaine de membres présents, le référent pour la Santé, Agnès Leclerc, s'y oppose.
Interrogée par Le Lab sur ce refus, le ministère de la Santé explique simplement :
Il s'agissait de répondre à des ajustements techniques.
Et tient à préciser :
Les deux ministres sont bien sur la même position.
Interrogée par Le Lab, Najat Vallaud-Belkacem assure également que sa collègue est "totalement convaincue" et dit ne pas avoir eu vent de "réticences". RAS, donc.
Selon un membre du Haut conseil, la représentante du ministère de la Santé a effectivement avancé ce jour-là un argument technique pour justifier son refus :
Elle a expliqué qu'en terme technique, les services du gouvernement ne créaient plus de site catégoriel.
Elle plaidait pour une rubrique "IVG" sur le site plus généraliste de la santé et pas un site à part.
Elle a également expliqué qu'une amélioration des contenus déjà présents sur le site de la Santé avait été réalisés et que la pédagogie semblait suffisante.
Derrière les "prétextes techniques", un autre participant y voit "au mieux un désintérêt" de la part du ministère de la Santé, "au pire un blocage par rapport à un site uniquement dédié à l'avortement et non à la contraception en général".
Au final, les voeux du ministère des Droits des femmes ont été exaucés. S'il est hébergé par le site de la Santé, ivg.gouv.fr existe bien par lui-même. On peut y accéder directement sans passer par son site de tutelle et le terme "IVG" a bien été utilisé dans l'URL, chose indispensable à un bon référencement pour le ministère.