Crise : Sarkozy se répète à Toulon

Publié à 19h47, le 24 novembre 2011 , Modifié à 18h12, le 01 décembre 2011

Crise : Sarkozy se répète à Toulon
Nicolas Sarkozy à Toulon, le 25 septembre 2008. (Reuters)

Nicolas Sarkozy prononce jeudi à Toulon un discours sur la crise. Encore un. Il y a trois ans, dans la même ville, un autre jeudi d'automne, le 25 septembre 2008, le Président avait déjà prononcé un discours sur le même thème.

Il pensait alors que la France et le monde étaient passés "à deux doigts de la catastrophe" et annonçait une série de mesures pour "moraliser le capitalisme financier".

Depuis 2007, c'est la quatrième fois que Nicolas Sarkozy se rend dans la préfecture du Var pour fustiger le "capitalisme déshumanisé". Le Lab s'est replongé dans ses discours. Resumé en cinq points.

  1. 2011 : Sarkozy prépare un discours "mémorable et visionnaire"

    Sur europe1.fr

    Jeudi, Nicolas Sarkozy prononcera un discours qui se veut "pédagogique", sur la place de l'Europe dans la crise. Le chef de l'Etat devrait notamment avancer l'idée d'une réforme des traités communautaires, avec le risque d'une perte de souveraineté pour la France.

    L'Élysée avait d'abord pensé au 2 décembre pour ce discours, mais la date est chargée historiquement par l'anniversaire du sacre de Napoléon et la victoire d'Austerlitz.  

    L'initiative a été révélée jeudi dernier par Europe 1. Dans son buzz politique, Thierry Guerrier analysait la stratégie sarkozyste.

    EXTRAIT

    Nicolas Sarkozy veut faire un coup et marquer les esprits par une intervention spectaculaire et solennelle. L'Élysée présente déjà ce discours comme 'mémorable' et 'visionnaire'.

    En fait Sarkozy rêve de reprendre des points dans les sondages à Hollande en jouant sur l'international. Pas sûr qu'avec la dureté de la crise, cela suffise à convaincre les Français. 

  2. 2008 : il prend la crise à bras-le-corps ...

    Sur elysee.fr

    Nous vous proposons une petite sélection des passages clés du discours du 25 septembre 2008 au cours duquel le Président  s'est engagé à garantir la stabilité du système bancaire et remettre à plat le système financier, "comme on le fit à Bretton-Woods après la Seconde Guerre Mondiale".

    Je n'hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être désormais encadrés. [...]Ils ne doivent pas recevoir d'actions gratuites. Leur rémunération doit être indexée sur les performances économiques réelles de l'entreprise. Ils ne doivent pas pouvoir prétendre un parachute dorée lorsqu'ils ont commis des fautes. 

    Il va falloir contrôler les agences de notation dont j'insiste sur le fait qu'elles ont été défaillantes.

    Les responsabilités doivent être recherchées et les responsables de ce naufrage doivent être sanctionnés au moins financièrement.

    L'année prochaine, c'est donc un total sans précédent de 30 600 emplois publics qui seront supprimés de la Fonction publique.

    Je ne conduirai pas une politique d'austérité parce que l'austérité aggraverait la récession. Je n'accepterai donc pas de hausses des impôts et des taxes qui réduiraient le pouvoir d'achat des Français.

    Ce sont des principes simples [...] sur lesquels je ne céderai pas.

  3. ... et en 2009, il assure le service après-vente

    Sur lejdd.fr

    Un an après son discours anti-crise, le Président est revenu à Toulon, ou plus exactement à La Seyne-sur-mer pour prononcer un long discours de 50 minutes destiné à vanter les reformes entreprises. Un discours au ton très personnel où il entendait démontrer que "ces engagements ont tous été scrupuleusement tenus."

    Cliquez-ici pour voir le discours. Cliquez-ici pour le lire.

    FACT CHECKING

    En août dernier, le site du quotidien gratuit 20 Minutes a pris au mot le Président et a vérifié point par point si les mesures annoncées à Toulon en 2008 ont été suivies d'effet. Résultat : pas vraiment.

  4. Toulon, du pain bénit pour la gauche

    Sur francesoir.fr

    Pas de chance pour l'Élysée, les grandes phrases du Président se sont retournées contre lui. Depuis trois ans, la gauche ne cesse de ramener Nicolas Sarkozy aux promesses non tenues de Toulon. La preuve en trois extraits.

    Invité de l'émission Ripostes sur France 5, le 28 septembre 2008 (vidéo ci-dessus), l'ancien Premier ministre Laurent Fabius a puisé dans ses racines normandes pour accuser le Président de parler beaucoup mais agir peu. 

    Vous savez, je suis normand. Et on a un proverbe qui dit 'Grand diseu, petit faiseu". Paroles, paroles. 

    Sur le même registre, celui qui était alors premier secrétaire du PS, François Hollande, dénonçait à chaud une "lucidité tardive" et s'exclamait : "aucune annonce de mesure. Rien !"

    Crédit vidéo : enregistrement du 19/20 de France 3 par Ptite_Mule.

    Lors de la dernière université d'été de La Rochelle en août 2011, Martine Aubry, alors candidate à l'investiture socialiste,  est elle aussi revenue sur le discours de Toulon.

    EXTRAIT (vers 9 minutes et 10 secondes de la vidéo ci-dessus)

    Rappelez-vous le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon. Il avait la voix d'Olivier Besancenot quand il montrait du poing les banquiers voyous et qu'il nous disait qu'il allait éradiquer les paradis fiscaux.

  5. Bonus : en 2007, le candidat Sarkozy rôdait déjà son discours anti-crise

    Sur perdre-la-raison.blogspot.com

    Le 7 février 2007, Nicolas Sarkozy prononce à Toulon, déjà, un discours dans lequel il fustige les parachutes dorés, le dumping social et le "capitalisme déshumanisé".

    Aujourd'hui, le blogueur Melclalex s'est aussi amusé à faire le parallèle entre ce meeting de campagne et "LE" discours de Toulon, un an et demi plus tard. 

    Cliquez-ici pour voir son tableau comparatif complet (et critique).

  6. Cet article se construit avec vous !

    Vous avez vu un article, une video, un tweet à nous conseiller sur le premier ou le deuxième discours anti-crise de Sarkozy à Toulon? Collez le lien dans les commentaires, nous l'ajouterons à notre sélection.

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