Publié à 13h12, le 11 avril 2013 , Modifié à 13h12, le 11 avril 2013

Austérité : comment Montebourg démontre qu'en fait, il est fidèle aux idées de Hollande

C'est la dernière interview de Montebourg dont l'exécutif ne raffole pas. Dans Le Monde daté du 11 avril, le ministre du Redressement productif fustige la "politique d'austérité" qui guide l'Union européenne et qui "conduit à la débâcle". Des propos anglés, certes, sur l'Europe, mais perçus comme une attaque en creux de la politique économique menée par François Hollande. Ce dernier a d'ailleurs répondu :  

Aucun ministre du gouvernement ne peut remettre en cause la politique qui est conduite, qui n'est pas l'austérité.

Mais, après ce rappel à l'ordre, pas question pour Arnaud Montebourg de passer une nouvelle fois pour l'indiscipliné du gouvernement, celui qui "n'assume" pas la politique choisie et qui ne la joue pas "collectif" (expressions chères à Manuel Valls). Son angle de défense : je ne fais que reprendre les idées du président.

"Qui, à part vous, conteste la politique de l'Union européenne ?", lui demande Patrick Cohen sur France Inter ce 11 avril. "Le président de la République par exemple !", rétorque Arnaud Montebourg, venu accompagné d'une citation de François Hollande himself pour prouver sa bonne foi.

Le ministre va en effet démontrer que ses craintes de "débâcle" confiées au Monde sont fidèles aux propos présidentiels. La preuve avec ce que François Hollande affirme lors de l'entretien télévisé présidentiel sur France 2 le 28 mars :

Lorsque François Hollande dit :

"Avec l’Allemagne nous sommes en tension amicale, l’austérité c’est condamner l’Europe à l’explosion, on voit déjà monter les égoïsmes nationaux, c’est la certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes ne feront qu’une bouchée. Je suis pour le redressement, pas pour la maison de redressement !"

Je suis exactement sur cette ligne-là.

François Hollande avait d'ailleurs ajouté ce jour-là :

J'ai cette obligation de dire aux européens qu'aujourd'hui, prolonger l'austérité, c'est le risque de ne pas aboutir à réduire les déficits et à avoir des gouvernements impopulaires dont les populismes ne feront qu'une bouchée. Je ne ferai pas une politique qui conduise l'Europe à l'austérité.

Dans Le Monde, Arnaud Montebourg estimait quant à lui :

S'il y a une crise de régime, c'est au niveau de l'Union européenne, où il n'y a nul débat démocratique sur les causes et les conséquences de cette politique d'austérité qui nous entraîne collectivement dans une spirale récessive. (...)

Le gouvernement a fait des efforts sans précédents pour faire face à la montagne himalayenne de dettes que le sarkozysme nous a léguée. (...)

Mais le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux. Il est donc plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique qui conduit l'Union à la débâcle.

Sur France Inter toujours, afin de prouver qu'il ne reproche rien à la politique de son gouvernement, il assure ensuite que François Hollande ne pratique nullement l'austérité tant reprochée à l'Union européenne. Et reprend là-aussi ses mots :

- Patrick Cohen : "La politique que suit la France, est-ce l'austérité ?"

- Arnaud Montebourg : "Ah non, c’est la politique du sérieux budgétaire !"

La veille, devant la presse, François Hollande a en effet tenu à faire cette distinction :

La politique que je conduis depuis 11 mois, c'est celle du redressement financier et productif du pays. Le sérieux budgétaire , ce n'est pas l'austérité. L'austérité, c'est la baisse des salaires et des prestations, c'est la récession, le chômage à 20 %.