Mardi, l’UMP a monté de toutes pièces un site pastiche, lechangementcestmaintenant.fr, détournant et moquant la Une de Libération consacrée à François Hollande. Au lendemain de ce cyber-squatting caractérisé, le Lab a eu envie de savoir ce qu’il allait advenir du site dans les prochaines semaines. L’occasion également de se pencher sur une méthode de pirates qui, à gauche comme à droite, pourrait se développer tout au long de la campagne…
Le pastiche de Libération
Sur lechangementcestmaintenant.fr
Libération rebaptisé L’Hibernation. C’est la riposte sous forme de moquerie à la Une du quotidien par les jeunes de l’UMP. Réalisé par les Jeunes Populaires et accessible à l’adresse lechangementcestmaintenant.fr (le slogan de François Hollande) ce pastiche moque l'adresse du candidat socialiste aux Français.
Quand on clique sur www.lechangementcestmaintenant.fr, on arrive sur un site acheté lundi par le parti présidentiel, avec en pleine page, la une parodiée du quotidien. Les jeunes soutiens de Nicolas Sarkozy lui font dire qu'il est "candidat à l'élection présidentielle pour redonner à la gauche l'espoir qu'elle a perdu après la débandade de DSK" et qu'il a un "projet à 255 milliards d'euros dangereux pour la France".
Quelle vie après le buzz ?
Après le buzz, que faire d’un tel site ?
Pour Benjamin Lancar, contacté par la rédaction, "le site va faire sa vie, puis probablement disparaître". "On a le nom de domaine pour un an, après on verra", dit le leader des Jeunes Populaires qui ne compte pas le donner au Parti socialiste.
Ce genre de site très événementiel a une durée de vie très courte. Si cela peut devenir une armée de campagne, Benjamin Lancar tient à préciser que "l’important, c’est quand même le fond" et aime à rappeller son Observatoire des mensonges de la gauche.
Lechangementcestmaintenant.fr, comment ça marche ?
Sur lesinrocks.com
La riposte de l’UMP fut rapide. Mais comment on fait les jeunes du parti présidentiel ?
A l’affût du slogan socialiste, ils ont vérifié rapidement la disponibilité du nom de domaine (sur des sites comme whois.net ou raynette.fr, par exemple). Sans attendre plus longtemps, et le nom étant disponible, ils l’ont réservé. La page construite avec le pastiche, le tout était en ligne dans l’après-midi du mardi 3 janvier. Il n’en fallait pas plus pour que la page fasse le tour des réseaux sociaux.
"Ca prend une matinée et ça coute 20 euros", affirme Benjamin Lancar, leader des Jeunes Populaires, au Lab. Assez ravi du coup de son équipe, il explique que c’est le travail de "l’iForce", la cellule web chargée pour les jeunes UMP de porter le message sur la Toile. "On a une quarantaine de personnes qui servent de vigie, toujours prêt à répondre au Parti socialiste". Et sur la tonalité comique, celui qui est encore étudiant explique que c’est aussi le rôle des Jeunes Populaires d’avoir 'un message railleur et drôle'."
Est-ce légal ?
Sur numerama.com
Selon Numerama, la question de la légalité de l’action de l’UMP se pose. Il pourrait s’agir de cybersquattage. Et d'après un décret du 1er août 2011, est considéré "de mauvaise foi" et donc illicite "l'enregistrement d'un nom de domaine principalement dans le but de nuire à la réputation du titulaire d'un intérêt légitime".
Reste à prouver que François Hollande et le Parti socialiste ont un "intérêt légitime" sur le slogan. D’après les recherches de Numerama, l’expression n'aurait pas fait l'objet d'un dépôt de marque auprès de l'INPI (Institut nationale de la propriété industrielle).
Pour le PS, il existe plusieurs manières de récupérer le nom de domaine :
- un arrangement à l’amiable avec les Jeunes Populaires
- bénéficier d’un arbitrage de l’AFNIC (association à but non lucratif, gestionnaire du registre des noms de domaine), via Syreli, leur système de résolution de litiges
- la voie judiciaire
A lire aussi :
En 2007, "l’observatoire de la web-campagne" avait déposé une série de propositionsà l’AFNIC pour éviter le cybersquatting politique.
La droite ne s'arrête pas là
La droite ne s'arrête pas à ce cyber-squatting. L'UNI a lancé mercredi lepartisocialiste.fr, a repéré Emery Doligé. Le syndicat étudiant de droite a conçu un site moqueur sur le PS et ceux qu'ils appellent "les superzéros".
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