QUERELLE D'EGOS - Arnaud Montebourg qui refuse que Yahoo! devienne actionnaire majoritaire de Dailymotion et promet qu'il a pris cette décision avec le ministre de l'Economie. Pierre Moscovici qui, pour seul service après-vente, assure que, non, il n'a pas été "particulièrement impliqué" dans le dossier. Voilà comment résumer la dernière contradiction de Bercy.
Interrogé ce 3 mai sur Canal Plus sur cet épisode qui est désormais épinglé au tableau des "couacs", Benoît Hamon n'a pas caché qu'il s'agissait d'un conflit de personnes, regrettant au passage que la forme ait pris le dessus sur le fond :
Je trouve dommage que cet épisode qui est assez malheureux entre Pierre et Arnaud cache une décision qui est bonne, qui est de dire : quand on a une pépite et qu’elle s’apprête à être dévorée par les Américains, c’est bien qu’on se protège.
Les deux hommes de Bercy, où Benoît Hamon a lui-aussi ses bureaux sous la houlette de Pierre Moscovici, sont en effet connus pour leurs problèmes relationnels malgré une tentative d'opération "love-love".
Le gouvernement n'a quant à lui pas voulu afficher de contradiction sur le fond en soutenant la décision du ministre du Redressement productif. Najat Vallaud-Belkacem a ainsi déclaré que le "gouvernement tout entier" souhaitait "un partenariat équilibré avec Yahoo!" comme l'a défendu Arnaud Montebourg.
Dans un chat pour lemonde.fr, Jean-Marc Ayrault a parlé de "prudence" pour ne pas perdre Dailymotion :
Si la solution c'est de laisser partir cet instrument français chez une entreprise internationale, ce n'est pas bien. Le gouvernement encourage Dailymotion à trouver les financements pour se développer, tout en gardant sa position nationale.
Sur Canal Plus ce 3 mai - et comme il l'avait fait déjà la veille - Benoît Hamon a défendu la position d'Arnaud Montebourg au nom d'une forme de protectionnisme européen :
Je retiens, et c’est l’essentiel, que la France se protège aujourd’hui alors qu’elle ne le faisait pas avant.
Et pourquoi doit-elle le faire ? Les Américains, les Chinois, les Indiens, les émergents se protègent sauf les Européens et il y a encore quelques béats pour dire qu’il faut laisser partir une pépite.