Décret de censure du web au Vietnam : Fabius dit sa "préoccupation", RSF en appelle à Hollande

Publié à 18h32, le 13 août 2013 , Modifié à 18h34, le 13 août 2013

Décret de censure du web au Vietnam : Fabius dit sa "préoccupation", RSF en appelle à Hollande
Laurent Fabius et le premier ministre du Vietnam, à Hanoi, le 5 août. (MaxPPP)

Que peut faire la France contre la volonté du gouvernement vietnamien de censurer toute prise de position politique sur internet ? Laurent Fabius assure avoir dit sa "préoccupation" aux autorités du pays, le quai d'Orsay précise au Lab que "la France ne peut accepter" et Reporters Sans Frontières en appelle à François Hollande, quelques semaines avant la visite du premier ministre vietnamien en France.

>> Qu'est ce que le décret 72 ?

Après la diffusion en différé des chaînes d'informations étrangères, le premier ministre Nguyễn Tấn Dũng a signé le 15 juillet un décret qui entrera en vigueur le 1er septembre. Ce texte interdit tout simplement aux internautes du Vietnam, pays de 87 millions d'habitants, plus peuplé que la France, d'évoquer l'actualité sur Internet. Les 30 millions d'internautes vietnamiens ne pourront légalement utiliser Facebook, Twitter et leurs blogs que "pour fournir et échanger des informations personnelles".

La diplomatie numérique étant "l’une des priorités du ministère des affaires étrangères" comme l'assure le ministère sur son site , Laurent Fabius en a touché un mot au premier ministre Nguyễn Tấn Dũng, lors d'un entretien à Hanoi, lundi 5 août, à l'occasion d'un déplacement en Indonésie et au Vietnam pour renforcer la présence française en Asie du Sud-Est .

>> La ''préoccupation" de Fabius

"Il est vrai qu'il y a là un problème spécifique qui concerne les blogueurs", reconnaissait Laurent Fabius, interrogé à la sortie par RFI, pour un entretien ensuite retranscrit sur le site du quai d'Orsay  :

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Un décret qui menace de sanctions lourdes les blogueurs qui diffusent un certain nombre de messages vient en effet d'être pris ; certains d'entre eux ont été condamnés. J'ai fait part de ce qu'on appelle, en termes diplomatiques, notre préoccupation. Ce qui veut dire que nous n'avons pas du tout la même approche.

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"Je crois que mes interlocuteurs ont bien compris que cela n'avait pas l'approbation pas seulement de la France mais aussi de beaucoup d'autres pays", ajoute le ministre des Affaires étrangères en faisant référence à la résolution législative  adoptée par le Parlement européen en avril visant, notamment, ce décret.

>> Les sous-titres du quai d'Orsay 

"La France défend tout le temps la liberté d'expression, y compris sur internet", développe au Lab Vincent Floréani, porte-parole adjoint du quai d'Orsay : 

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On ne peut pas arrêter les internautes, beaucoup de régimes ont essayé d'empêcher les révolutions arabes par exemple, de bloquer les communications des personnes qui manifestaient, on voit bien que c'est complètement inefficace.

C'est quelque chose qu'on ne peut pas faire et que la France ne peut pas accepter.

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>> Une réaction "insuffisante" pour Reporters Sans Frontières.

Interrogé par Le Lab, Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique chez RSF s'inquiète d'un décret qui "implique une surveillance du web encore pire qu'en Chine, avec une armée de cyber-censeurs chargés de surveiller les plateformes de blogs et tous les réseaux sociaux afin d'emprisonner les gens".

Et RSF invite la France à passer de la "préoccupation" policée du quai d'Orsay à une condamnation frontale de l'Elysée avant la visite, fin septembre, du premier ministre du Vietnam à Paris : 

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Nous demandons à présent à François Hollande qu'il demande ouvertement et fermement aux autorités du Vietnam de ne pas mettre en place le décret 72.

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RSF revendique parallèlement plus de 17.000 signatures de leur pétition pour la libération des blogueurs emprisonnés au Vietnam.

Du rab sur le Lab

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