DEUX POIDS, DEUX MESURES - D'un côté, Delphine Batho virée du gouvernement à la première incartade. De l'autre, Arnaud Montebourg et sa libre parole, encore tout récemment sur l'exploitation du gaz de schiste. L'ex-ministre de l'Ecologie n'apprécie guère. Invitée de France Inter ce 11 juillet, et alors qu'on lui demande ce que risque son ancien camarade du gouvernement, elle répond, cassante :
Je pense qu’il ne sera pas traité comme moi, c’est gros comme le nez au milieu de la figure.
Après le limogeage express de Delphine Batho, beaucoup s'étaient interrogés sur les sanctions à géométrie variable au sein du gouvernement, Pascal Canfin estimant même que certains ministres étaient "immunisés" grâce à leur poids politique.
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, avait alors dû expliquer pourquoi le fusible Batho avait sauté, et non Arnaud Montebourg :
Arnaud Montebourg n’a jamais contesté publiquement un arbitrage rendu par le Premier ministre.
On l’a entendu s’exprimer avant qu’un arbitrage soit rendu, c’est vrai. On l'a entendu peser dans un sens plutôt que dans l’autre, comme on entend d’autres ministres. (...)
Ce que Delphine Batho a fait est différent. Elle a contesté publiquement après arbitrage du Premier ministre le budget en tant que tel
Sur France Inter ce jeudi, Delphine Batho répète que "ce [qu'elle] a dit ne méritait pas [qu'elle] soit limogée du gouvernement". Surtout, elle dézingue la position d'Arnaud Montebourg qui s'est dit la veille favorable à titre personnel à une exploitation non polluante du gaz de schiste, confiée à une compagnie nationale publique.
Celle qui reprendra le 3 août son siège de député demande également au gouvernement de lever ce qu'elle considère comme une "ambiguïté" :
J’ai un désaccord de fond, un désaccord net et total qui n’est pas nouveau. Il n’y a pas d’exploitation propre des gaz de schiste (…)
Et puis ensuite, parce qu’Arnaud est un camarade, je pense qu’on ne peut pas être pour la démondialisation et vouloir importer en France le pire du modèle américainet remettre en cause ce qu’est l’identité de la France dans son rapport au terroir, aux paysages, à cette question environnementale, qui fait aussi partie du message universel de notre nation.
Ce serait la moindre des choses que le Premier ministre lève l’ambiguïté permanente entretenue sur cette question du gaz de schiste.
En novembre 2012, lors de sa première grande conférence de presse du quinquennat, François Hollande avait opposé un "non" ferme à l'exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique. En revanche, il s'était dit ouvert à la recherche pour trouver "d'autres techniques", non polluantes :
La recherche est possible sur d'autres techniques que celle de la fracturation hydraulique. Pour l'instant, cette recherche n'a pas abouti, je ne peux pas l'interdire, elle n'est pas interdite pas la loi.