L’affaire Cahuzac permet à Eric Woerth de régler ses comptes avec les socialistes qui lui ont mené la vie dure lorsqu’il était lui-même soupçonné de conflit d'intérêts pour sa double casquette de ministre du Budget et trésorier de l’UMP. Dans un indiscret publié par l’Express du 9 janvier, Eric Woerth dit comprendre Jérôme Cahuzac, qui se trouve à son tour sous le feu des accusations de Mediapart.
Et prend sa défense:
"Je ne voulais pas qu’on lui fasse ce que les socialistes m’avaient fait subir.
"
Le député de l'Oise aurait pris l'initiative de tempérer l'ardeur de ses collègues UMP dans cette affaire:
"J’ai plutôt calmé mes collègues car cela me rappelait de trop mauvais souvenirs.
"
Eric Woerth en profite pour épingler l’attitude « odieuse » de certains socialistes à son endroit. Parmi ses détracteurs de l’époque, Eric Woerth cite Christian Eckert, Jean Glavany… et l’actuel Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
"Ces messieurs Ayrault, Eckert ou Glavany ont été odieux à mon égard.
"
"Je ne m’abaisserais jamais à cela.
"
De fait, ceux qui étaient alors membres de l’opposition n'avaient pas ménagé le ministre de Nicolas Sarkozy. A l’époque, Jean-Marc Ayrault, qui était chef de file des députés PS à l’Assemblée, avait multiplié les charges contre le ministre : le 23 juin 2010, il jugeait qu’il y avait « quand même un problème de déontologie dans cette affaire. »
Le 3 septembre 2010, Jean-Marc Ayrault déclarait encore dans les pages de France Soir :
"Eric Woerth est un ministre en sursis.
"
De leur côté, Jean Glavany et Christian Eckert n’étaient pas beaucoup plus tendres : le premier avait déclaré
le 7 juillet qu’Eric Woerth ne « s’en sortirait pas comme ça ». Quant au second, il l’avait interpellé
avec fracas sur « ce conflit d’intérêt évident », lors d’une séance de questions au gouvernement le 6 juillet 2010.
Alors, rancunier Eric Woerth ? Jérôme Cahuzac, aujourd’hui soupçonné
d’avoir détenu un compte en Suisse jusqu’en 2010, semble en tout cas le comprendre. L’actuel ministre du Budget a rappelé
le 6 janvier que lorsque Eric Woerth était pris dans la tourmente, il s’était pour sa part « bien gardé de contribuer au climat de chasse à l’homme » qu’il « exècre ».
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud Belkacem, qui est également revenue sur le cas Eric Woerth lors du Conseil des Ministres du 9 janvier, livre une analyse différente. Selon elle, sa situation n'avait "rien à voir" avec celle de Jérôme Cahuzac aujourd'hui.
"Eric Woerth avait une double casquette ministre du Budget - trésorier de l'UMP, le PS dénonçait ce conflit d'intérêt, parce qu'il s'agissait d'un fait d'avance établit.
"